Vous le préparez à l’envers depuis des années sans que personne ne vous l’ait signalé !

Michel Duchène
Michel Duchène
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Le confit de canard, symbole emblématique de la gastronomie du Sud-Ouest de la France, est un plat qui ravit les palais à travers le monde. Mais êtes-vous vraiment au courant des secrets pour le réaliser ?

Après un échange fructueux avec plusieurs chefs du Gers et du Périgord, j’ai pris conscience que beaucoup d’entre nous tombent dans des pièges courants lors de sa préparation.

Découvrons ensemble comment obtenir un confit de canard traditionnel, croustillant à l’extérieur et succulent à l’intérieur, tel que le faisaient nos grands-mères périgourdines.

L’histoire du confit de canard : d’une méthode de conservation à un plat de choix

Le concept de confit ne se limite pas à un simple plat savoureux. C’est avant tout une technique ancestrale de conservation des viandes utilisée depuis des siècles, bien avant l’avènement des réfrigérateurs modernes. Dans les campagnes du Sud-Ouest, les canards, oies et porcs étaient souvent confits pour affronter l’hiver.

La méthode traditionnelle consiste à cuire lentement la viande dans sa propre graisse, formant ainsi une couche protectrice contre l’oxydation et les bactéries. Une fois refroidi, le confit pouvait se conserver pendant plusieurs mois dans des récipients en terre cuite, appelés « toupines ».

Aujourd’hui, le confit de canard est devenu l’un des mets préférés des Français et est même salvé à l’international. Néanmoins, entre respect des traditions et adaptations modernes, de nombreux cuisiniers amateurs semblent se perdre dans sa préparation.

Les erreurs courantes qui sabotent votre confit de canard

Erreur n°1 : Sauter l’étape cruciale du salage

L’erreur la plus fréquente consiste à négliger l’étape essentielle du salage. « Sans un bon salage, vous n’obtiendrez jamais un véritable confit », m’a confié Jean-Pierre Xiradakis, un restaurateur bordelais passionné par la cuisine régionale.

Le sel ne sert pas seulement d’assaisonnement : il joue un rôle clé dans la déshydratation partielle de la viande, ce qui est capital pour obtenir la texture caractéristique du confit. Beaucoup de cuisiniers débutants s’engagent directement dans la phase de cuisson sans ce préalable.

Erreur n°2 : Une cuisson trop rapide ou à température excessive

Le terme « confire » provient du latin « conficere », qui signifie « préparer ». La préparation exige de la patience ! Une cuisson précipitée ou à haute température est l’ennemi du bon confit.

La température idéale pour cuire le confit se situe entre 80 et 90°C. Il est primordial que l’eau contenue dans la viande s’évapore lentement tandis que la graisse s’imprègne. Une cuisson trop violente entraînera une viande sèche et peu appétissante.

Erreur n°3 : Choisir la mauvaise graisse

Nombreux sont ceux qui, par commodité, optent pour de l’huile ou du saindoux pour le confit, ce qui est une grave méprise ! Pour un véritable confit de canard, il faut utiliser exclusivement de la graisse de canard, qui apporte ce goût inégalable et cette texture riche.

En outre, la graisse de canard est réputée pour ses bienfaits nutritionnels, riche en acides gras mono-insaturés, semblables à ceux présents dans l’huile d’olive.

La méthode authentique, pas à pas

Découvrons comment les chefs du Sud-Ouest préparent le véritable confit de canard. Cette recette, transmise à travers les générations, ne comporte aucun artifice.

Étape 1 : La sélection des cuisses

Le point de départ est le choix des cuisses. Privilégiez des cuisses de canard mulard, plus savoureuses et charnues que celles des canards de Barbarie. Il est préférable de choisir des cuisses de canards élevés en plein air, nourris aux céréales.

Pour un repas de 4 personnes, prévoyez 4 belles cuisses de canard avec leur peau.

Étape 2 : Le salage, une étape indispensable

Le salage n’est pas une option, comme beaucoup le pensent :

  1. Frottez chaque cuisse avec un mélange de 20g de gros sel par cuisse.
  2. Ajoutez des herbes aromatiques comme du thym, du laurier et de l’ail écrasé.
  3. Disposez les cuisses dans un plat et couvrez-les d’un film alimentaire.
  4. Placez le tout au réfrigérateur pendant 12 à 24 heures.

Cet intervalle de repos permet au sel de pénétrer dans la chair et d’en retirer une partie de l’eau, indispensable pour une bonne conservation.

Étape 3 : Le rinçage et le séchage

Après la période de salage, il est temps de procéder comme suit :

  1. Rincez soigneusement les cuisses à l’eau froide pour enlever le sel en excès.
  2. Séchez-les avec un linge propre ou du papier absorbant.
  3. Prévoyez de les laisser à l’air libre pendant 1 heure à température ambiante.

Ce séchage est crucial ; une viande humide ne pourra pas produire un bon confit.

Étape 4 : La cuisson lente, l’élément clé d’un bon confit

Voici la quintessence de la méthode traditionnelle :

  1. Utilisez une cocotte en fonte, placez-y les cuisses peau vers le bas.
  2. Couvrez totalement avec de la graisse de canard (prévoir environ 1kg de graisse pour 4 cuisses).
  3. Chauffez très doucement jusqu’à atteindre la température de 80-90°C maximum.
  4. Maintenez cette température pendant 2h30 à 3h.

La cuisson est terminée lorsque vous pouvez facilement enfoncer un pic en bois dans la chair. Ne tentez surtout pas d’accélérer le processus ; la patience est essentielle pour un confit réussi.

Conservation et mise en valeur du confit

Comment assurer une bonne conservation de votre confit

Le confit peut s’améliorer avec le temps, mais pour bien le conserver, suivez ces étapes :

  • Attendez que les cuisses refroidissent complètement dans leur graisse.
  • Mettez-les dans un pot en verre ou en grès, avec leur graisse.
  • Vérifiez que les cuisses sont bien immergées dans la graisse.
  • Fermez hermétiquement et placez dans un endroit frais (10-12°C) ou au réfrigérateur.

De cette manière, votre confit pourra se conserver facilement pendant environ 6 mois. Chaque fois que vous prélevez, assurez-vous que la viande restante soit recouverte de graisse.

Déguster : la technique pour réchauffer le confit

C’est souvent à cette étape que tout se joue. Un mauvais réchauffage peut saboter toutes les qualités du confit :

  1. Retirez les cuisses de leur graisse et laissez-les reposer à température ambiante pendant 30 minutes.
  2. Dans une poêle, idéalement en fonte, placez les cuisses côté peau.
  3. Faites chauffer à feu moyen-doux, sans ajouter de matière grasse.
  4. Laissez dorer patiemment pendant 8 à 10 minutes pour que la peau devienne croustillante.
  5. Retournez délicatement et continuez la cuisson pendant encore 3 minutes.

Le résultat doit être une peau croustillante comme du papier, avec une chair fondante qui se détache facilement de l’os.

Les accompagnements traditionnels et revisités

Un confit de canard ne devrait jamais être dégusté seul. Voici quelques accompagnements qui subliment ce plat :

Les incontournables classiques

Accompagnement Pourquoi ça fonctionne
Pommes de terre sarladaises Cuites dans la graisse de canard, elles offrent un croustillant irrésistible.
Haricots blancs lingots Leur douceur équilibre parfaitement le caractère robuste de la viande confite.
Salade verte à l’huile de noix Sa fraîcheur apporte une note acidulée indispensable pour contrer la richesse du confit.

Des associations plus audacieuses

Pour sortir des chemins battus, envisagez ces accompagnements qui s’harmonisent étonnamment bien :

  • Une purée de céleri-rave à la vanille.
  • Des champignons sauvages poêlés au beurre et à l’ail.
  • Un chutney de figues fraîches pour une touche sucrée.

Côté vin, un Madiran ou un Cahors fera un excellent choix, offrant des tannins qui nettoient le palais.

Astuces des chefs pour un confit parfait

Pour perfectionner votre technique du confit, voici quelques astuces de chefs :

L’astuce du vinaigre

Ajoutez une cuillère à soupe de vinaigre de vin rouge dans la graisse pendant la cuisson. Cette acidité contribue à attendrir les fibres de la viande tout en préservant son goût.

Le truc de l’ail confit

Intégrez quelques gousses d’ail non épluchées dans la graisse lors de la cuisson. Elles confiseront en même temps que la viande et pourront être servies écrasées sur des toasts en entrée.

La méthode du « double confit »

Accordée par certains chefs étoilés, la méthode du « double confit » consiste à réaliser une seconde cuisson à une température plus basse (70°C) pendant une heure, après la première cuisson traditionnelle. Cela procure une texture encore plus fondante.

Variantes régionales du confit

Chaque région du Sud-Ouest possède sa propre manière d’appréhender le confit :

Le confit des Landes

Dans les Landes, l’ajout de quelques baies de genièvre et de poivre durant le salage est fréquent. Leur cuisson est généralement prolongée, atteignant jusqu’à 4 heures.

Le confit périgourdin

En Dordogne, la tradition veut d’intégrer une feuille de laurier et un brin de thym dans la graisse pendant la cuisson. Les cuisses sont souvent servies avec des cèpes frais en saison.

Le confit toulousain

A Toulouse et dans ses alentours, le confit accompagne invariablement les haricots blancs, formant ainsi le célèbre cassoulet. Dans cette région, le salage est souvent plus marqué que dans les autres zones.

Maintenant que vous êtes au fait des secrets du véritable confit de canard, il ne vous reste plus qu’à retrousser vos manches et à vous lancer dans sa préparation. Bien que cette technique puisse sembler complexe, le résultat final en vaut amplement la peine. Souvenez-vous : la clé d’un bon confit réside dans la patience et le respect des traditions culinaires.

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