Semez ces deux engrais verts pour enrichir et préserver votre sol tout l’hiver.

Michel Duchène
Michel Duchène
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Alors que l’automne s’installe, les dernières récoltes de votre potager s’amenuisent, laissant vos parcelles un peu désertes. Plutôt que de laisser votre jardin nu durant les instants froids de l’hiver, envisagez d’enrichir votre terre de manière naturelle durant cette saison.

Les engrais verts d’automne offrent une approche à la fois écologique et économique pour maintenir la fertilité de votre sol. Deux variétés se démarquent par leur efficacité lors des semis réalisés à la fin septembre ou au début d’octobre : la phacélie et le seigle d’hiver. Ces plantes, avec leurs atouts respectifs, transformeront vos terrains laissés à l’abandon en réelles sources de nutriments, tout en protégeant votre sol des rigueurs de l’hiver.

L’association bénéfique de la phacélie et du seigle d’hiver

Utiliser la phacélie en conjonction avec le seigle d’hiver maximisera les avantages pour votre terre. Ces deux représentants, avec leurs caractéristiques complémentaires, répondent de manière optimale aux besoins nutritionnels de votre sol.

Stratégies de semis

Pour profiter de ces engrais verts, vous avez plusieurs options. Vous pouvez les mélanger sur une même parcelle, respectant un ratio de 60% de seigle et 40% de phacélie en termes de poids. Cela permet d’exploiter les atouts de chaque plante.

Alternativement, vous pouvez choisir de semer les deux plantes sur des zones distinctes. Cette méthode affine la gestion et vous permet d’évaluer les effets spécifiques de chaque engrais vert selon le type de sol.

Enfin, il est possible d’alterner les cultures d’engrais verts chaque année. Par exemple, envisagez de semer du seigle la première année et de la phacélie l’année suivante, afin d’éviter l’appauvrissement des sols et de maintenir la biodiversité.

La phacélie : un véritable atout pour votre jardin

Saluée comme l’engrais vert polyvalent, la phacélie à feuilles de tanaisie (Phacelia tanacetifolia) s’illustre par ses qualités exceptionnelles. Cette plante annuelle, membre de la famille des Hydrophyllacées, intéresse particulièrement les jardiniers soucieux de la santé de leur sol.

Les nombreux bénéfices de la phacélie

Cette plante, dotée de fleurs violettes en clochettes, se distingue par sa rapidité de croissance, permettant de couvrir efficacement le sol en quelques semaines. De plus, son système racinaire pousse jusqu’à 60 centimètres de profondeur, ce qui contribue à décompacter et à améliorer la structure du sol.

La phacélie génère une biomasse significative, généralement comprise entre 200 et 400 grammes de matière sèche par mètre carré. Cette matière organique, une fois décomposée, enrichit le sol en éléments nutritifs essentiels tels que l’azote, le phosphore et le potassium.

Modalités de semis et d’entretien de la phacélie

Pour semer la phacélie, privilégiez la période comprise entre le 15 septembre et le 10 octobre, en fonction de votre localisation. Éliminez d’abord les mauvaises herbes et préparez la surface de votre terrain. Cette plante est adaptable et se développe dans presque tous les types de sol, même ceux de qualité médiocre.

Semez à la volée, avec une quantité de 8 à 10 grammes par mètre carré. Ensuite, ratissez légèrement pour enfouir les graines à une profondeur maximale de 1 à 2 centimètres. Un arrosage léger favorisera la germination, qui se produit généralement entre 8 et 15 jours.

Concernant l’entretien, il est plutôt limité. Une fois bien installée, la phacélie supporte la sécheresse et n’a pas besoin d’apports en engrais. Sa croissance vigoureuse permet d’étouffer naturellement les mauvaises herbes.

Hivernage et incorporation de la phacélie

Selon les températures hivernales de votre région, la phacélie peut tolérer l’hiver : elle peut partiellement survivre ou geler entièrement. Si elle gèle, la biomasse se transforme en un paillis naturel protecteur. Si elle survit, la phacélie redémarrera sa croissance au printemps et attirera des pollinisateurs grâce à ses fleurs.

L’incorporation de la phacélie au sol doit se faire 2 à 3 semaines avant les nouvelles plantations, généralement au printemps. Il suffit de faucher la végétation et de l’enfouir par un bêchage superficiel de 10 à 15 centimètres. La décomposition rapide de cette matière organique apportera rapidement des nutriments nécessaires à vos futures cultures.

Le seigle d’hiver : une céréale robuste et productive

Complémentaire à la phacélie, le seigle d’hiver (Secale cereale) est une plante très résistante. Appartenant à la famille des Poacées, elle supporte des conditions hivernales extrêmes et pousse même par temps froid.

Les caractéristiques remarquables du seigle

Le seigle d’hiver se distingue par ses racines denses et profondes, s’étendant jusqu’à 1,5 mètre sous terre. Cette aptitude en fait un excellent décompacteur de sol et lui permet de récupérer efficacement les nutriments lessivés.

Sa croissance automnale modérée lui permet de résister aux premiers froids. Au printemps, il reprend de manière vigoureuse et peut offrir jusqu’à 500 grammes de matière sèche par mètre carré, apportant ainsi une matière organique significative.

Ce qui est également intéressant, ce sont ses propriétés allélopathiques, qui se manifestent par la sécrétion de substances inhibitrices bloquant la germination de plusieurs mauvaises herbes, en particulier des graminées indésirables telles que le chiendent.

Semis du seigle d’hiver

Pour semer le seigle, la période idéale s’étend du 20 septembre au 15 octobre. Si le semis est trop précoce, la plante pourrait se développer trop avant l’hiver, la rendant plus vulnérable. Un semis tardif, quant à lui, peut nuire à l’enracinement avant les grands froids.

Préparez le terrain par un travail de surface, car le seigle s’adapte à une diversité de sols, y compris des terrains acides. Il est recommandé de semer à raison de 120 à 150 grammes par mètre carré, en lignes distantes de 15 centimètres ou à la volée.

Les graines doivent être enfouies à une profondeur de 2 à 3 centimètres, et la germination survient généralement en 10 à 20 jours, selon les conditions climatiques.

Gestion durant l’hiver et incorporation au printemps

Capable de supporter des températures inférieures à -20°C, le seigle d’hiver ralentit sa croissance en dessous de 5°C, mais son développement ne s’interrompt pas complètement. Il forme un couvert végétal permanent qui protège le sol de l’érosion.

Au printemps, lorsque les températures augmentent, le seigle redémarre rapidement sa croissance. Il est important de surveiller son développement pour l’incorporer au bon moment, idéalement avant l’épiaison, vers fin avril ou début mai. Lorsque le seigle atteint une hauteur de 30 à 40 centimètres, il convient de le faucher et de laisser sécher la végétation quelques jours avant de la retourner dans le sol par un labour superficiel. Cette biomasse riche en cellulose améliorera durablement la structure du sol.

Les avantages économiques et écologiques des engrais verts

Opter pour des engrais verts d’automne vous permet de réaliser d’importantes économies sur l’achat d’amendements organiques. En effet, un mètre carré de phacélie ou de seigle produit environ 2 à 3 kilogrammes de compost, ce qui équivaut à une économie de 3 à 5 euros par mètre carré.

Biodiversité et protection de l’écosystème

Les engrais verts jouent un rôle essentiel dans le maintien de la biodiversité au jardin. La phacélie, en particulier, attire une multitude d’insectes auxiliaires: abeilles, bourdons, et coccinelles trouvent refuge dans ses fleurs. Cette diversité contribue naturellement à la régulation des nuisibles dans votre potager.

D’autre part, le seigle offre un abri hivernal à de nombreux arthropodes utiles, tels que les carabes et les araignées, qui participent à l’équilibre biologique de votre jardin.

Protection contre l’érosion des sols

Le couvert végétal créé par ces engrais verts est un rempart efficace contre les risques d’érosion hydrique et éolienne. Les racines maintiennent l’intégrité du sol, tandis que la végétation supérieure freine le ruissellement des eaux de pluie.

Cette protection est cruciale, en particulier sur des terrains en pente ou exposés à des vents forts, car elle permet de préserver la précieuse couche arable.

Conseils pour réussir vos semis d’engrais verts

Pour assurer la réussite de vos engrais verts, certaines précautions sont à prendre. Tout d’abord, vérifiez la qualité de vos semences en privilégiant celles de moins de deux ans, conservées dans des conditions appropriées.

Ajustez la densité de semis selon la qualité de votre sol. Pour des sols lourds et humides, diminuer légèrement les doses peut être judicieux. Pour des terres légères, augmenter les doses de 10 à 20% compense les pertes de germination.

Il est également important de prêter attention aux prévisions météorologiques pour choisir le moment opportun pour semer. Tirez parti d’un temps annoncé humide pour favoriser la germination, mais évitez de semer sur un sol trop détrempé, ce qui pourrait provoquer un compactage.

Enfin, envisagez de mixer vos engrais verts avec d’autres espèces comme la moutarde blanche ou le trèfle incarnat, cela augmentera la diversité des apports et enrichira la biodiversité de votre parcelle.

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