Les jardiniers aguerris savent qu’une façon économique d’accroître leur jardin est de diviser les plantes vivaces. Cette méthode, qui a traversé les âges, permet de transformer une seule plante en plusieurs spécimens robustes tout en revitalisant des touffes qui ont vieilli.
Plutôt que d’acheter de nouvelles plantes en jardinerie, ce qui peut rapidement faire grimper les dépenses, la division est gratuite et offre des résultats souvent impressionnants.
Le moment idéal pour procéder à cette opération est à l’automne. Les températures plus fraîches et l’humidité ambiante favorisent l’enracinement des nouvelles sections, tandis que les plantes commencent à entrer en dormance. Cette technique, éprouvée par le temps, attire de nombreux jardiniers qui veulent à la fois respecter leur budget et contribuer à la préservation de l’environnement.
Les raisons de diviser vos vivaces à cette période
La saison automnale offre des conditions particulièrement adaptées à la division des vivaces. Les plantes ont accumulé suffisamment de nutriments tout au long de la saison de croissance et se préparent lentement à leur repos hivernal. Pendant cette période de transition, les racines nouvellement divisées s’installent tranquillement sans le stress que pourraient engendrer les chaleurs estivales.
Identifier les signes qu’une vivace nécessite une division est relativement simple. On remarque souvent que le centre de la touffe commence à se dégarnir, laissant un « œil » vide au milieu. De plus, la floraison devient moins dense et les tiges semblent moins robustes. Ces symptômes apparaissent généralement après trois à cinq ans, selon l’espèce cultivée.
Le moment de la division présente plusieurs atouts. Les jeunes plantations profitent de l’humidité naturelle de l’hiver, ce qui diminue considérablement leurs besoins en arrosage. De surcroît, durant cette saison, les nuisibles sont moins actifs, limitant ainsi les risques pour les nouvelles jeunes plants que vous aurez installés.
Les meilleures vivaces à diviser en automne
Certaines espèces réagissent particulièrement bien à cette technique. Les hostas par exemple, se prêtent à la division avec aisance. Leurs rhizomes charnus, qui se divisent sans difficulté, permettent de créer quatre à six nouvelles plantes à partir d’une seule touffe mature.
De même, les hémérocalles se révèlent être de parfaits candidats pour la division. Leurs racines tubéreuses se séparent naturellement et supportent bien cette intervention. Une plante de quatre ans peut facilement donner naissance à quatre nouvelles touffes, prêtes à fleurir dès la saison suivante.
Voici d’autres vivaces qui se prêtent à cette méthode :
- Iris germanica : se divise tous les 3 à 4 ans
- Pivoines herbacées : bien que leur division soit délicate, le résultat en vaut la peine
- Asters d’automne : multiplication rapide avec une floraison garantie
- Rudbeckias : croissance vigoureuse après division
- Sedums : très faciles à diviser
Le matériel essentiel pour une division efficace
L’un des avantages de cette méthode est sa simplicité. Vous n’avez besoin que de quelques outils de base que tout jardinier possède généralement. Une bêche bien aiguisée est essentielle pour déterrer la touffe mère sans endommager le système racinaire de la plante.
Un couteau de jardin nettoyé ou un sécateur robuste est utile pour couper les racines récalcitrantes. Il est crucial de désinfecter ces outils avec de l’alcool à 70° afin d’éviter la propagation de maladies entre les plants.
Avant de commencer, assurez-vous de disposer de :
- Un arrosoir à pomme fine
- Du compost ou du terreau de qualité
- Des étiquettes pour marquer les nouvelles plantations
- Un transplantoir pour les finitions
- Une brouette pour transporter les divisions
Guidelines pour effectuer la division : étape par étape
Pour démarrer, arrosez abondamment la plante un jour avant l’opération. Cela facilite l’extraction et minimise le stress hydrique. Il est conseillé de choisir une journée nuageuse et fraîche pour limiter l’évaporation.
Raccourcissez le feuillage à environ 15 centimètres du sol pour les plantes à tiges souples. Cette taille aide à réduire les pertes en eau dues à la transpiration et facilite la manipulation. Si vous travaillez avec des vivaces à feuillage persistant, comme les bergénias, laissez les feuilles saines.
Creusez un cercle large autour de la touffe, en respectant une distance d’au moins 20 centimètres du feuillage. Plantez la bêche verticalement pour couper les racines externes, puis inclinez-la progressivement pour soulever la motte.
Procéder à la séparation
Une fois que la touffe est retirée, examinez soigneusement le système racinaire. Repérez les zones de division naturelles où la plante semble prête à se séparer. Ces lieux correspondent souvent aux rejets ou aux bourgeons de croissance précédents.
Pour les racines qui sont tendres, vous pouvez utiliser vos mains pour procéder à la séparation délicatement. Cependant, pour les racines plus dures, un couteau peut être nécessaire. Réalisez des coupes franches pour favoriser une bonne cicatrisation.
Chaque section doit absolument comporter :
- Un système racinaire bien formé
- Plusieurs bourgeons de croissance visibles
- Une partie de la couronne de la plante
L’art de créer quatre touffes à partir d’une seule
Pour transformer une vivace mature en quatre nouveaux spécimens, il est essentiel d’adopter une approche méthodique. Commencez par observer la structure de la plante extraite. La plupart des vivaces développeront de nouvelles divisions autour de la souche principale.
Divisez d’abord la touffe en deux parties égales en suivant la ligne où elle se sépare le plus facilement. Cette première coupe permet souvent d’exposer l’intérieur de la plante et facilite les séparations ultérieures. Chaque moitié peut ensuite être divisée pour obtenir les quatre sections souhaitées.
Assurez-vous que les divisions sont de taille équilibrée. Des sections trop petites auront du mal à s’installer et mettront des années à retrouver leur vigueur. À l’inverse, des divisions trop larges conserveront les défauts de la plante mère et pourraient avoir des zones dégarnies.
Évaluer la qualité des divisions
Chaque nouvelle division doit être saine et vigoureuse. N’hésitez pas à jeter les sections présentant des signes de maladie, de pourriture ou de faiblesse. Ces parties compromises peuvent contaminer les sections saines et compromettre le succès de l’ensemble de l’opération.
Portez une attention particulière aux racines. Elles doivent être fermes et de couleur claire. Les racines brunes ou molles, accompagnées d’une odeur désagréable, indiquent un problème et doivent être retirées à l’aide d’un outil désinfecté.
Les étapes de la plantation des nouvelles sections
Avant de procéder à la plantation, préparez avec soin les emplacements. Cela évitera que les nouvelles sections ne se dessèchent pendant leur attente. Amendez le sol avec un compost de qualité pour favoriser l’enracinement.
Creusez des trous légèrement plus larges que les mottes de racines. La profondeur doit correspondre à l’ancien niveau de plantation. Un enterrement trop profond peut entraîner la pourriture du collet, tandis qu’un emplacement trop élevé exposera les racines au dessèchement.
Positionnez chaque division et assurez-vous d’étendre les racines. Remplissez progressivement avec un mélange de terre et de compost et tassez légèrement pour éliminer les poches d’air, sans trop compacter le sol.
Soins après la plantation
Un arrosage copieux immédiatement après la mise en place favorise le contact entre les racines et la terre. Continuez à arroser régulièrement pendant les premières semaines, en maintenant le sol humide mais sans le détremper.
Appliquez un paillis organique autour des nouvelles plantations pour limiter l’évaporation, réguler la température du sol et empêcher la croissance des mauvaises herbes. Utilisez des feuilles mortes, un peu de paille ou des copeaux de bois sur environ 5 centimètres d’épaisseur.
Les erreurs à éviter absolument
Parmi les erreurs les plus courantes, la précipitation est fréquente. Diviser une plante qui est encore jeune ou mal établie compromet ses chances de survie. Attendez que la vivace ait au moins trois ans et montre des signes de vieillissement avant de procéder à la division.
Le choix du moment peut également influencer la réussite de l’opération. Fuyez les périodes de gel, de sécheresse intense ou de forte chaleur. Les vivaces qui fleurissent tôt au printemps se divisent mieux en fin d’été, tandis que celles qui fleurissent en automne sont plus à l’aise lors d’une division au printemps.
La négligence des soins après division est une autre cause fréquente d’échec. Les nouvelles plantations nécessitent une attention particulière au cours de leurs premiers mois d’existence. Un dessèchement même temporaire peut compromettre leur reprise.
Les avantages à long terme de cette méthode
La division régulière des vivaces contribue à maintenir la vitalité du jardin sans nécessiter d’investissement financier. Cette méthode permet de renouveler les massifs tout en conservant les variétés favorites. Les jardiniers expérimentés sont ainsi capables de constituer une grande collection sans jamais avoir besoin d’acheter de nouvelles plantes.
Cela favorise également les échanges entre jardiniers, car les excédents provenant des divisions peuvent constituer d’excellents dons ou objets de troc. Ces échanges favorisent les relations sociales et permettent d’acquérir de nouvelles variétés sans débourser d’argent.
Sur le plan écologique, la division diminue le besoin de production industrielle de plants et réduit l’empreinte carbone associée au jardinage. Cette approche s’inscrit dans une démarche respectueuse de l’environnement et de jardinage durable.
Les quatre nouvelles touffes issues de la division retrouveront rapidement leur vigueur et fleuriront généreusement dès la saison suivante. Cette satisfaction que ressentent les jardiniers, quand ils constatent les fruits de leur travail, est inestimable et les incite à poursuivre ces démarches bénéfiques.
