Il est indéniable que le calendrier horticole révèle des moments précis de l’année durant lesquels il est possible d’optimiser nos cultures sans investir d’argent. La division des plantes vivaces comestibles apparaît comme l’une des méthodes les plus accessibles et productives pour enrichir son potager.
Cette pratique ancestrale permet de générer plusieurs nouveaux plants à partir d’une souche mère, transformant ainsi un petit investissement en une véritable richesse végétale. Les jardiniers aguerris en sont conscients : pourquoi débourser pour des godets lorsqu’il est possible de multiplier ses cultures gratuitement grâce à la nature ? Cette méthode de division se révèle particulièrement avantageuse pour les légumes perpétuels ainsi que pour les herbes aromatiques, qui peuvent nourrir une famille durant plusieurs saisons une fois établies.
La rhubarbe : la championne de la division automnale
La rhubarbe est un excellent choix pour appliquer cette méthode de multiplication. En effet, cette plante vivace robuste développe naturellement des rhizomes souterrains qui produisent de nouvelles pousses. Chacun des éclats de rhizomes, ayant des bourgeons, peut donner naissance à un plant indépendant.
Pour réussir la division de la rhubarbe, il est nécessaire d’attendre que la plante entre en phase de dormance, ce qui a généralement lieu entre octobre et novembre. Le premier pas consiste à déterrer la souche principale à l’aide d’une bêche. Une fois la plante extraite, il est facile d’identifier les zones de séparation, bien définies.
L’outil essentiel pour cette opération est un sécateur bien aiguisé ou un couteau de jardin propre. Chaque section doit comporter au moins deux à trois bourgeons visibles ainsi qu’un système racinaire qui se développe correctement. Il est crucial de réaliser des coupes nettes pour permettre une meilleure cicatrisation.
Les étapes de division de la rhubarbe
- Couper les feuilles à environ 10 centimètres de la base
- Déterrer soigneusement la souche entière
- Nettoyer le sol autour des racines
- Identifier les zones de division naturelles
- Sectionner avec un outil désinfecté
- Faire sécher les coupes à l’ombre pendant 24 heures
- Replanter immédiatement après que les coupes aient cicatrisé
L’artichaut : multiplication méditerranéenne
Dans les régions au climat tempéré, l’artichaut se prête merveilleusement bien à la multiplication par division. Cette plante généreuse produit naturellement des œilletons à sa base, qui sont des clones parfaits de la plante originale. Ces jeunes plants constituent un matériel de propagation de grande qualité.
La période idéale pour cette opération s’étend de septembre à novembre, lorsque les températures sont encore douces, mais que l’activité de croissance réduit progressivement. Les œilletons mesurant au moins 15 centimètres de hauteur possèdent généralement suffisamment de réserves pour bien s’installer.
Il est crucial de procéder avec précaution lors du prélèvement : creuser autour de l’œilleton de façon à préserver son système racinaire encore en développement est indispensable. Un mouvement délicat permet de séparer le jeune plant de sa mère sans l’endommager.
Les aromatiques vivaces : un trésor à multiplier
Les plantes aromatiques vivaces représentent un excellent investissement. Une fois divisées, elles fournissent des herbes fraîches tout au long de l’année et ont la capacité de se naturaliser dans divers espaces du jardin.
La ciboulette : division express
La ciboulette forme rapidement des touffes denses, qu’il est conseillé de diviser tous les trois à quatre ans. Cette opération permet de régénérer la plante et de maintenir sa santé. La technique est extrêmement simple : il suffit de déterrer la touffe et de la séparer en sections à la main.
Chaque éclat doit inclure une portion de bulbes et de racines. Il est recommandé de replanter immédiatement dans un sol frais et bien drainé. Un arrosage modéré au début favorise la reprise, tout en évitant l’excès qui pourrait conduire à la pourriture.
L’estragon français : la technique du marcottage
L’estragon français ne produit pas de graines viables dans nos régions. Pour le multiplier, il faut donc opter pour la division ou le marcottage. Les rhizomes de cette plante qui s’étendent horizontalement permettent de générer facilement de nouveaux plants.
La division s’effectue en sectionnant les rhizomes entre deux nœuds, chacun fait au moins 10 centimètres. Chaque segment doit avoir des bourgeons dormants qui donneront naissance aux futures pousses au printemps.
Les légumes perpétuels : l’autonomie alimentaire
Certains légumes méritent le qualificatif de « perpétuels », tant leur capacité à se régénérer est impressionnante. Ces variétés anciennes, souvent négligées par l’agriculture moderne, retrouvent leur place dans les jardins familiaux.
L’oseille : acidité garantie
L’oseille commune possède une souche ligneuse qui génère régulièrement de nouvelles rosettes de feuilles. Diviser la plante permet de la rajeunir et de l’implanter dans différents coins du potager, ajoutant ainsi une source de vitamine C à vos repas.
Cette division est alors idéale en octobre, une fois la montée en graines terminée. Chaque éclat de souche doit posséder des racines saines et au moins un bourgeon de croissance. La replantation s’opère dans un sol riche en humus et légèrement humide.
Le poireau perpétuel : l’allié du jardinier paresseux
Le poireau perpétuel, connu aussi sous le nom de poireau sauvage, produit des bulbilles souterraines qui garantissent sa pérennité. Cette plante rustique supporte bien des conditions difficiles et fournit des tiges tendres dès les premiers jours ensoleillés.
La multiplication se fait en séparant les bulbilles pendant sa période de repos végétatif. Ces petits organes de réserve, de la taille d’une noisette, permettent de créer de nouveaux plants vigoureux. Il suffit de les replanter à 2 centimètres de profondeur dans un terreau ordinaire.
Technique et timing : les clés du succès
Le succès d’une division repose sur le respect de certains principes clés. Le timing est particulièrement crucial : une intervention trop précoce expose les jeunes plants à des stress hydriques, tandis qu’une division trop tardive ne laisse pas assez de temps pour l’enracinement avant la saison froide.
En général, il est conseillé d’attendre la phase de repos végétatif, qui se situe généralement entre septembre et novembre, selon les types de plantes et les zones géographiques. Les espèces qui fleurissent au printemps se divisent idéalement en automne, tandis que celles qui fleurissent en automne tolèrent mieux une division au printemps.
Préparation du matériel
Veiller à l’hygiène des outils est primordial pour prévenir la transmission de maladies fongiques. Une solution d’alcool à 70° ou d’eau de Javel diluée permet de désinfecter efficacement les lames. Les outils doivent être parfaitement aiguisés pour réaliser des coupes nettes favorisant une cicatrisation rapide.
Voici une liste des outils essentiels :
- Bêche pour déterrer les souches
- Sécateur ou couteau de jardin bien affûté
- Arrosoir avec un embout fin
- Paillis pour protéger les nouveautés avec des couches de terre
- Étiquettes pour distinguer les variétés
Soins post-division : assurer la reprise
Les plants récemment divisés traversent une phase de stress qui requiert une attention adéquate. Un arrosage régulier mais modéré est vital pour maintenir le sol humide sans saturer les racines blessées.
Un paillis organique d’environ 5 centimètres d’épaisseur aide à conserver l’humidité du sol et à atténuer les variations thermiques. Les feuilles mortes, la paille ou les tontes de gazon se révèlent d’excellents matériaux, à condition qu’ils soient exempts de graines de mauvaises herbes.
Surveillance et entretien
Les premières semaines suivant la plantation nécessitent une attention particulière. Les nouveaux signes de reprise se manifestent par le développement de nouvelles pousses ou le verdissement des feuilles existantes. À l’inverse, un jaunissement persistant ou un flétrissement peuvent indiquer un problème d’enracinement.
Il est préférable d’alléger la fertilisation durant la première année : un apport de compost bien mûr au printemps est généralement suffisant pour soutenir la croissance. Les engrais chimiques, trop concentrés, peuvent endommager les racines encore fragiles.
Planification et organisation du potager
La méthode de multiplication par division s’inscrit dans une stratégie globale pour aménager le potager. Celle-ci permet de créer des zones thématiques : un coin pour les herbes aromatiques, un autre pour les légumes perpétuels, ou encore une bordure de rhubarbe à proximité d’une allée.
En étalant les divisions sur plusieurs années, il est possible d’éviter un surcroît de travail et d’évaluer les résultats avant de continuer. Tenir un journal de jardinage pour enregistrer les dates d’interventions, les variétés multipliées ainsi que les taux de succès sera bénéfique pour perfectionner les pratiques à venir.
Cette approche méthodique peut peu à peu transformer un jardin banal en écosystème productif, où chaque plante occupe son espace et contribue à l’harmonie générale. La patience du jardinier se retrouve récompensée par une récolte grandissante, rendant les achats de plants de plus en plus superflus.