Lorsque j’ai commencé à aménager mon jardin l’année précédente, je me suis heurtée à un espace difficile qui se trouvait entre ma terrasse et mon potager.
Cet endroit ne présentait ni intérêt décoratif ni réelle fonction productive.
Il était donc évident pour moi que la meilleure solution était de créer une bordure florale afin de rendre cette transition plus agréable, tout en attirant les pollinisateurs vers mes cultures.
Après plusieurs essais et des erreurs, j’ai réussi à transformer cet espace compliqué en un véritable atout pour l’ensemble de mon jardin.
Voici comment vous pouvez réaliser ce projet vous-même, en appliquant des conseils pratiques tirés de mon expérience personnelle et des conseils de jardiniers expérimentés.
Pourquoi opter pour une bordure florale entre le potager et la terrasse ?
Une bordure fleurie n’est pas simplement décorative. Elle joue plusieurs rôles essentiels dans l’aménagement des jardins.
Les bénéfices pratiques
- Transition visuelle douce : La bordure propose une transition agréable entre l’espace de vie et l’espace cultivé.
- Protection contre les mauvaises herbes : En cultivant cet espace, on diminue l’invasion des indésirables.
- Limite naturelle : Elle définit clairement les zones sans recourir à des clôtures artificielles.
- Biodiversité renforcée : Les plantes fleuries attirent des insectes pollinisateurs et des auxiliaires bénéfiques pour le potager.
Depuis l’installation de ma bordure, j’ai observé une hausse de la production de mes tomates et courgettes, vraisemblablement grâce à une pollinisation améliorée. De plus, la population de pucerons a diminué, en raison des coccinelles et des syrphes qui ont été attirés par les fleurs.
L’aspect visuel
Un potager, souvent marqué par des lignes géométriques et un aspect brut, devient plus attrayant lorsqu’il est accompagné de fleurs. Les couleurs et textures diversifiées créent un contraste plaisant avec la terrasse, généralement minérale. Cette frontière florale transforme la vue depuis votre espace de détente en une véritable œuvre d’art vivante qui change au fil des saisons.
Dessiner sa bordure florale : étapes à suivre
La clé du succès d’une bordure florale repose sur une planification soignée. Voici un guide étape par étape.
Évaluer l’emplacement
Avant de planter quoi que ce soit, j’ai pris le temps d’analyser l’espace disponible :
- Exposition : Ma bordure est orientée sud-est, bénéficiant de 6 à 8 heures de soleil par jour.
- Type de sol : Un simple test m’a montré que le sol était argileux et légèrement acide (pH 6,5).
- Largeur : J’avais 80 cm entre ma terrasse et la première rangée de légumes.
- Longueur : De 5 mètres le long du potager.
Ces détails sont cruciaux pour choisir des plantes adaptées. Un sol argileux retient l’humidité mais peut facilement se compacter. L’orientation influence également les plantes qui se développeront correctement.
Choisir le style de la bordure
Il existe plusieurs possibilités selon vos préférences et l’atmosphère de votre jardin :
- Bordure champêtre : Aspect naturel et sauvage avec des plantes rustiques.
- Bordure structurée : Lignes nettes avec répétition de certaines espèces.
- Bordure mixte : Association de vivaces, annuelles et parfois de petits arbustes.
- Bordure monochrome : Focalisation sur différentes nuances d’une seule couleur.
Pour ma part, j’ai sélectionné une bordure mixte, avec des vivaces bien structurées agrémentées d’annuelles pour un effet plus vivant. Cette option permet de réduire le travail d’année en année tout en laissant place à des modifications.
Sélectionner les plantes idéales
La étape de sélection des plantes est une des plus créatives, mais elle demande aussi beaucoup de réflexion.
Critères pour choisir
Pour que ma bordure soit réussie entre la terrasse et le potager, j’ai orienté mes choix selon :
- Hauteur : Plantes basses vers l’avant (près de la terrasse) et plus hautes à l’arrière.
- Période de floraison : Veiller à avoir des floraisons s’étalant de mars à octobre.
- Entretien : Choisir des espèces peu exigeantes pour minimiser le travail.
- Compatibilité : Privilégier des espèces bénéfiques pour le potager, sans caractère envahissant.
- Résistance : Sélectionner des plantes adaptées aux conditions climatiques locales et résistantes aux maladies.
Les meilleures plantes pour votre bordure
Voici ma sélection qui a fait ses preuves :
Vivaces
- Népéta (Nepeta × faassenii) : Floraison bleu-violet de mai à septembre, hauteur de 40-60 cm, attire les pollinisateurs.
- Sauge officinale (Salvia officinalis) : Feuillage persistant gris-vert, fleurs violettes, comestible et médicinale.
- Hémérocalle (Hemerocallis) : Floraison généreuse pendant l’été, peu d’entretien, hauteur de 60-80 cm.
- Achillée millefeuille (Achillea millefolium) : Fleurs plates idéales pour les insectes auxiliaires, hauteur de 60 cm.
Annuelles et bisannuelles
- Capucine (Tropaeolum majus) : Fleurs comestibles, repousse les pucerons, hauteur variable de 30 à 200 cm.
- Souci (Calendula officinalis) : Floraison orange durable, propriétés répulsives contre certains ravageurs.
- Bourrache (Borago officinalis) : Fleurs bleues très attirantes pour les abeilles, se ressème facilement.
- Cosmos (Cosmos bipinnatus) : A une floraison abondante jusqu’aux gelées, avec un port aérien.
Bulbes pour les saisons intermédiaires
- Crocus : Floraison précoce dès février-mars.
- Narcisses : Robustes, fleurissent en avril.
- Alliums : Floraison en forme de boule en mai-juin, restent décoratifs même une fois séchés.
J’ai constaté que la combinaison de népéta, souci et bourrache a particulièrement attiré les pollinisateurs, tandis que les alliums ont apporté une dimension architecturale fascinante au printemps.
Préparer le sol et planter
Une bonne préparation du sol est essentielle pour garantir une bordure florissante sur le long terme.
Préparation du sol
- Délimiter la bordure : J’ai utilisé un tuyau d’arrosage pour marquer les contours et visualiser l’espace.
- Désherber soigneusement : J’ai éliminé les plantes indésirables comme le liseron ou le chiendent.
- Ameublir la terre : Béchage sur 30 cm de profondeur pour décompacter le sol.
- Enrichir : Incorporation de 3 à 5 cm de compost bien mûr dans le sol.
- Niveler : Ratissage pour obtenir une surface uniforme.
Pour mon sol argileux, j’ai ajouté du sable de rivière afin d’améliorer le drainage. Cette étape, bien que laborieuse, a eu un impact positif sur la santé des plantes à long terme.
Planification de la plantation
Avant de procéder à la plantation, j’ai dessiné un plan simple en tenant compte des principes suivants :
- Plantes basses (moins de 30 cm) à l’avant, près de la terrasse.
- Plantes moyennes (30-60 cm) au centre.
- Plantes hautes (60-100 cm) à l’arrière, côté potager.
- Groupes de 3 à 5 plantes identiques pour créer un effet plus naturel.
- Alterner les périodes de floraison pour un intérêt continu.
J’ai prévu 5 à 7 plantes par mètre carré, en tenant compte de leur taille à maturité.
Mise en œuvre
La plantation s’est réalisée pendant l’automne, une période favorable pour les vivaces et les bulbes :
- Disposition des plantes en pot sur la surface, pour évaluer le rendu final.
- Creuser des trous deux fois plus larges que les mottes de terre.
- Plantation au même niveau que dans le pot d’origine.
- Arrosage généreux pour favoriser l’enracinement.
- Paillage avec 5 cm de paille de lin pour conserver l’humidité et réduire les mauvaises herbes.
Les plantes annuelles ont été ajoutées au printemps suivant, dans les espaces vides entre les vivaces encore jeunes.
Entretien au fil des saisons
Une bordure fleurie requiert moins d’entretien qu’un potager, mais nécessite toutefois un suivi nous avertissant de quelques interventions régulières.
Printemps
- Nettoyage : Retirer les parties sèches des vivaces et des graminées.
- Division : Séparer les touffes devenues trop denses tous les 3 à 4 ans.
- Semis : Mise en place des annuelles après les dernières gelées.
- Paillage : Renouveler le paillage si nécessaire.
Été
- Arrosage : Apporter de l’eau pendant les périodes sèches, surtout la première année.
- Taille : Retirer les fleurs fanées pour encourager de nouvelles floraisons.
- Tuteurage : Installer des supports si les plantes hautes en ont besoin.
Automne et hiver
- Plantation : Ajouter de nouvelles vivaces et bulbilles.
- Protection : Pailler pour protéger les espèces sensibles au gel.
- Observation : Prendre des notes sur les associations à conserver ou à modifier.
L’entretien le plus fréquent consiste à désherber manuellement, particulièrement les premières années, avant que les vivaces ne couvrent correctement le sol. Je consacre environ 30 minutes par semaine de mars à octobre.
Conseils pour réussir sa bordure fleurie
Après deux saisons d’expérience, voici quelques conseils que je peux partager :
Promouvoir la biodiversité
- Intégrer des plantes mellifères comme l’échinacée ou la lavande.
- Conserver quelques « mauvaises herbes » utiles, comme les pissenlits précoces.
- Installer un petit abreuvoir pour oiseaux et insectes.
- Éviter les traitements chimiques, même d’origine naturelle.
Expérimenter avec les associations
J’ai découvert que certaines combinaisons étaient particulièrement harmonieuses :
- Népéta bleu-violet + achillée jaune pâle + sauge pourpre.
- Hémérocalle orange + agastache bleue + graminées.
- Alliums violets + euphorbe vert acide + pavot d’Orient.
Associer des feuillages variés (argentés, pourpres, verts intenses) contribue à un attrait visuel même hors période de floraison.
Élargir l’intérêt saisonnier
Pour contrer les périodes creuses, j’ai incorporé :
- Des plantes à floraison précoce (hellébores, crocus).
- Des graminées ornementales pour leur effet hivernal.
- Des vivaces à feuillage persistant, comme les heuchères.
- Des arbustes nains à baies décoratives comme le pernettya.
Erreurs à éviter
Mon parcours m’a enseigné des leçons importantes sur les écueils à éviter :
- Plantes trop envahissantes : La menthe et la consoude ont rapidement débordé de leur espace initial.
- Densité trop élevée : Trop de plantes initialement entraînent une compétition accrue et favorisent les maladies.
- Ignorer le sol : Un amendement insuffisant a limité le développement de certaines vivaces.
- Insuffisance d’arrosage : Les jeunes pousses ont souffert durant le premier été, entraînant des remplacements.
- Plantes mal adaptées : Certaines espèces méditerranéennes n’ont pas supporté l’humidité hivernale.
J’ai appris la patience : une bordure fleurie n’atteint sa pleine splendeur qu’après 2 à 3 ans, lorsque les vivaces sont bien établies.
Budget et ressources nécessaires
Coûts estimatifs
Pour ma bordure de 5 mètres de long et 80 cm de large (soit 4 m²), voici la répartition de mon budget :
- Amendements (compost, sable) : 30-40 €.
- Plantes vivaces : 15 plantes à 5-8 € = 75-120 €.
- Graines d’annuelles : 4 sachets à 3 € = 12 €.
- Bulbes : 30 bulbes à 0,30-0,50 € = 9-15 €.
- Paillage : 15-20 €.
Le coût total pour l’installation initiale s’élève donc à 140-210 €, avec des frais d’entretien annuel estimés à environ 20-30 € (principalement pour le renouvellement de quelques plantes et le paillage).
Cet investissement peut être considérablement réduit en réalisant ses propres semis ou en divisant des plantes existantes. Ma voisine m’a d’ailleurs donné plusieurs touffes d’hémérocalles, qui se sont très bien intégrées dans ma bordure.
Calendrier de mise en œuvre
Pour créer une bordure similaire, voici un planning réaliste :
- Septembre-octobre : préparer le sol, planter les vivaces et les bulbes.
- Mars-avril : ajouter des annuelles précoces (pensées, myosotis).
- Mai : mettre en terre les annuelles d’été après les Saints de glace.
- Première année : aspect encore clairsemé, nécessitant des annuelles pour combler les vides.
- Deuxième année : structure mieux définie, avec des vivaces bien développées.
- Troisième année : maturité de la bordure, équilibre entre les différentes espèces.
Une bordure florale entre le potager et la terrasse transforme véritablement l’atmosphère du jardin. Au-delà de son aspect décoratif, elle crée un écosystème favorable aux cultures potagères tout en offrant un spectacle changeant à travers les saisons. Le temps et les efforts investis dans sa création sont largement récompensés par le plaisir quotidien qu’elle procure, tant pour les jardiniers que pour la petite faune locale. Même avec un espace limité, quelques mètres carrés suffisent pour établir cette transition harmonieuse qui valorise votre extérieur.