Elle grimpe librement, se faufile partout et dévoile une floraison éblouissante jusqu’à l’automne.

Michel Duchène
Michel Duchène
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Lorsque l’été arrive, mon jardin se transforme grâce à une plante qui a su éveiller ma passion depuis de nombreuses années. Chaque année, elle s’élève fièrement, exploitant les structures naturelles environnantes sans aucun soutien artificiel. Cette belle liane, connue sous le nom de clématite, a la capacité de métamorphoser les coins les plus banals en véritables œuvres d’art vivantes. Ses fleurs, qui peuvent parfois atteindre la taille d’assiettes ou être aussi légères que des étoiles, s’épanouissent jusqu’à ce que l’automne s’incline, offrant une beauté sans effort qui vaut vraiment le détour.

Une plante grimpante autonomes : La clématite

Issue de la famille des Ranunculaceae, la clématite regroupe plus de 300 espèces différentes. Ce qui est particulièrement fascinant, c’est sa méthode de montée, qui la différencie des autres grimpantes. Contrairement au lierre, qui utilise des ventouses pour s’accrocher, ou au chèvrefeuille qui s’enroule autour des supports, elle grimpe à l’aide de ses pétioles. Ces tiges foliaires s’enroulent comme de petites vrilles autour tout support fin qu’elles croisent, permettant à la plante de s’élever avec aisance.

Une floraison continue et éclatante

Ce qui distingue réellement la clématite des autres grimpantes est sa floraison éblouissante. Selon la variété, elle peut fleurir dès le mois d’avril et continuer jusqu’en octobre, procurant un spectacle floral durant presque six mois d’affilée. C’est ce qui en fait une plante tant appréciée des jardiniers.

La variété des fleurs

Les clématites se présentent sous différentes formes et couleurs :

  • Les clématites à grandes fleurs, telles que ‘Nelly Moser’ ou ‘Jackmanii’, portent des fleurs atteignant 15 à 20 cm de diamètre.
  • Les clématites à petites fleurs comme la Clematis montana brillent par leur nombre.
  • Les clématites à fleurs doubles comme ‘Duchess of Edinburgh’ offrent une ressemblance avec les roses.
  • Les clématites à fleurs en clochette, comme la Clematis texensis, ajoutent une note originale au jardin.

Quant aux couleurs, elles vont du blanc éclatant au pourpre intense, en passant par une multitude de nuances de rose, bleu et violet. Certaines variétés, comme ‘Rouge Cardinal’, se distinguent par leur rouge profond, tandis que d’autres, telle que ‘Ville de Lyon’, changent de couleur au fur et à mesure de leur floraison.

Une technique de floraison prolongée

Pour jouir d’une floraison ininterrompue, j’ai appris à mélanger différentes variétés de clématites, dont voici un aperçu :

Groupe Période de floraison Exemples de variétés
Groupe 1 (floraison sur bois de l’année précédente) Avril-mai Clematis montana, Clematis alpina
Groupe 2 (floraison sur le bois ancien et nouveau) Mai-juin puis septembre ‘Nelly Moser’, ‘The President’
Groupe 3 (floraison sur le bois de l’année) Juillet-octobre ‘Jackmanii’, ‘Étoile Violette’, Clematis viticella

Dans mon jardin, j’ai associé une Clematis montana rose pâle qui fleurit en profusion en mai, une ‘Nelly Moser’ dont les grandes fleurs striées s’épanouissent en juin, et une ‘Étoile Violette’ qui prolonge le spectacle jusqu’en octobre. Ce mélange crée un véritable festival floral sans interruption.

L’art d’infiltration de la clématite

La clématite a une capacité incroyable à s’intégrer dans des espaces inattendus, ce qui en fait un atout non négligeable pour végétaliser des coins difficiles du jardin.

Une nature exploratrice

J’ai souvent observé ma clématite viticella se frayer un chemin à travers une haie de cyprès, dévoilant ses fleurs violettes qui semblent surgir magiquement entre les conifères. Sa croissance souple lui permet de :

  • Se faufiler entre les branches d’arbustes existants
  • Grimper le long des murs en exploitant les aspérités
  • Coloniser des souches anciennes ou des structures abandonnées
  • S’associer à d’autres grimpantes pour composer des associations fascinantes

Cette aptitude à s’infiltrer n’est pas destructrice ; au contraire, la clématite reste légère et respectueuse de son environnement, ce qui la distingue du lierre, souvent envahissant.

De belles associations

En suivant mes expériences de culture, j’ai découvert que la clématite fait un excellent compagnon pour d’autres plantes. Voici quelques associations fructueuses que j’ai tentées :

  • Une clématite bleue grimpant sur un rosier jaune ou abricot pour créer un contraste saisissant.
  • Une clématite à petites fleurs blanches éclairant un if ou un cyprès sombre.
  • Une clématite tardive prolongeant la floraison d’une glycine.
  • Une clématite viticella illuminant une haie monotone.

Pour n’en citer qu’une, ma clématite ‘Princess Diana’, avec ses fleurs en tulipe rose vif, a grimpé l’année dernière dans un chèvrefeuille à floraison jaune pâle, créant un spectacle si harmonieux que l’ensemble semblait orchestré.

Cultiver la clématite de manière optimale

Pour bénéficier pleinement des bienfaits de la clématite, quelques règles de culture doivent être respectées.

Un emplacement stratégique

La clématite préfère un endroit où elle pourra profiter de la lumière tout en gardant ses racines à l’abri de la chaleur. Concrètement, cela implique :

  • Un emplacement qui reçoit au moins 6 heures de soleil par jour pour le feuillage et les fleurs.
  • Un sol frais et humide au niveau des racines, idéalement ombragé par des plantes plus basses.
  • Un soutien naturel ou artificiel tout près lors de la plantation.

J’ai remarqué que mes clématites les plus robustes sont celles dont la base est protégée par des vivaces comme les heuchères ou les géraniums vivaces.

La plantation, une étape cruciale

Pour assurer à votre clématite une croissance épanouie pendant des années, il est essentiel de porter une attention particulière à la plantation :

  1. Creuser un trou d’au moins 40x40x40 cm.
  2. Incorporer du compost bien décomposé et une poignée d’os broyés.
  3. Planter la clématite plus profondément que son niveau d’origine (enterrer les premiers nœuds).
  4. Arroser généreusement et pailler pour conserver l’humidité.

Cette technique de plantation favorise la production de nouvelles pousses si la partie aérienne est endommagée par des conditions climatiques difficiles.

Un entretien minimal pour un maximum de rendement

Une fois bien établie, la clématite requiert peu de soin :

  • Un arrosage régulier durant les deux premières années, puis uniquement lors de sécheresses.
  • Un apport de compost en fin d’hiver.
  • Une taille adaptée à chaque groupe de clématite.

Pour celles du groupe 3, je procède à une taille sévère en fin d’hiver (à 30-40 cm du sol). Pour les autres groupes, je n’interviens que pour enlever le bois mort.

Les variétés de clématites à privilégier pour une floraison tardive

Parmi les nombreuses variétés disponibles, certaines sont remarquables pour leur longue durée de floraison.

Les championnes en longue floraison

  • ‘Étoile Violette’ : Ses petites fleurs violettes abondent de juillet à octobre.
  • ‘Princess Diana’ : Ses fleurs en tulipe rose vif fleurissent de juillet aux gelées.
  • ‘Bill Mackenzie’ : Ses fleurs jaunes en clochette sont suivies de fruits plumeux décoratifs.
  • ‘Sweet Autumn’ (Clematis terniflora) : Un nuage de petites fleurs blanches parfumées en septembre-octobre.
  • ‘Polish Spirit’ : Résistantes aux intempéries, ses fleurs violettes intenses sont un plaisir pour les yeux.

Ma ‘Polish Spirit’ continue d’émettre des fleurs même après les premières gelées d’octobre, prolongeant ainsi la beauté florale à un moment où le reste du jardin commence à s’éteindre.

Clématites à remontée automnale

Certaines variétés du groupe 2 fleurissent à nouveau tard en été ou en automne :

  • ‘Nelly Moser’ : Ses grandes fleurs rose pâle striées de rose foncé fleurissent en mai-juin puis à nouveau en septembre.
  • ‘Duchess of Edinburgh’ : Ses fleurs doubles blanches ressemblent à des roses miniatures.
  • ‘Multi Blue’ : Fleurs doubles d’un bleu profond qui rehaussent le jardin.
  • ‘Piilu’ : Fleurs semi-doubles puis simples, roses avec des bords plus foncés.

Un an, ma ‘Multi Blue’ a floraison particulièrement généreuse en septembre à la suite d’un été pluvieux, offrant ainsi un point d’attraction inattendu dans le jardin d’automne.

Surmonter les problèmes courants

Bien que la clématite soit généralement simple à cultiver, elle peut néanmoins rencontrer quelques difficultés.

Le flétrissement soudain (wilt)

Ce problème inattendu se manifeste par un flétrissement brutal d’une partie ou de toute la plante, causé par un champignon (Phoma clematidina) qui entrave la circulation de la sève.

Solution : Il faut couper toutes les parties atteintes au niveau du bois sain, parfois jusqu’au ras du sol. Si la plantation a été réalisée correctement (en profondeur), de nouvelles pousses réapparaitront de la base. J’ai réussi à sauver une ‘Jackmanii’ qui semblait condamnée grâce à cette méthode.

Absence de floraison

Différents facteurs peuvent altérer la floraison :

  • Une taille inadéquate par rapport au groupe de clématite.
  • Un manque de lumière (moins de 4 heures par jour).
  • Un sol trop sec ou pauvre.
  • Des gelées tardives abîmant les boutons.

Pour résoudre le cas d’une clématite peu généreuse, j’ai ajouté un engrais riche en potasse (comme celui pour tomates) au printemps.

La cohabitation difficile

Parfois, la clématite lutte pour s’établir au pied d’arbres ou d’arbustes à cause de la compétition racinaire.

Pour y remédier, j’ai décidé de planter la clématite dans un grand pot en plastique dont j’ai retiré le fond, puis d’enterrer l’ensemble. Cette solution permet à la clématite de s’installer avant de faire face à la concurrence.

Les bienfaits écologiques de la clématite

La clématite ne se contente pas d’être une plante ornementale ; elle joue également un rôle écologique important dans nos jardins.

Un refuge pour la biodiversité

J’ai observé que mes clématites attirent une variété de pollinisateurs, notamment les abeilles et les papillons, en particulier les variétés avec de petites fleurs simples telles que les viticella et texensis. Les oiseaux trouvent également refuge dans ces lianes pour :

  • Construire leurs nids, en s’abritant dans le feuillage dense.
  • Se nourrir d’insectes qui fréquentent la plante.
  • Utiliser les tiges comme perchoir ou point d’observation.

Les fruits plumeux de certaines espèces, comme Clematis vitalba (herbe aux gueux), deviennent un matériau de choix pour la confection des nids.

Un effet de climatisation naturel

En couvrant un mur orienté plein sud, la clématite agit comme un écran végétal, contribuant à refroidir naturellement la façade. Cette fonctionnalité est particulièrement appréciée lors des chaudes journées estivales.

Sur ma terrasse, la clématite ‘Étoile Violette’ grimpe sur une pergola, faisant naître une ombre légère qui réduit la température tout en laissant passer la lumière. La clématite incarne ainsi un mélange parfait de beauté et de fonctionnalité au jardin. Autonome dans sa croissance, généreuse en fleurs jusqu’en hiver, et capable de s’intégrer harmonieusement dans des espaces variés, elle mérite réellement sa place parmi les meilleures plantes grimpantes. Qu’elle habille un grillage ordinaire, transforme un arbre mort en sculpture vivante, ou égaye une haie uniforme, la clématite se rend indispensable sans jamais devenir envahissante. C’est un allié parfait pour le jardinier en quête d’un équilibre entre un spectacle floral et un entretien simplifié.

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