Des potagers massivement contaminés au prosulfocarbe, vos légumes sont-ils encore comestibles ?

Michel Duchène
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Nous vivons une époque où l’herbicide prosulfocarbe, moins connu que le glyphosate, devient une préoccupation majeure. En France, son usage a explosé, avec une augmentation de 14% en 2022, principalement dans les cultures de céréales et de pommes de terre. Cette substance, utilisée sur un quart de la surface agricole utile du pays, pose des questions cruciales sur la sécurité alimentaire et environnementale.

Toxicité et impact sur la santé humaine

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a classé le prosulfocarbe parmi les substances phytopharmaceutiques nécessitant une attention particulière. Bien qu’il ne soit pas classé comme cancérigène ou mutagène, il est nocif en cas d’ingestion et toxique pour les organismes aquatiques. L’absence de données sur les effets chroniques de cette substance sur la santé humaine soulève des inquiétudes.

La volatilité du prosulfocarbe et ses conséquences

Le prosulfocarbe se distingue par sa haute volatilité, ce qui signifie qu’il peut se disperser sur de longues distances dans l’air. Cette caractéristique augmente le risque de contamination des zones non ciblées par l’épandage, y compris les potagers et vergers privés. Des études récentes ont montré que le prosulfocarbe est l’un des pesticides les plus fréquemment détectés dans l’air en France.

Impact sur l’eau et l’agriculture biologique

La contamination des eaux de surface par le prosulfocarbe est également préoccupante. Même les cultures biologiques ne sont pas à l’abri, avec des cas de contamination entraînant la destruction des récoltes. Cette situation paradoxale, où l’Anses ne considère pas le prosulfocarbe comme particulièrement dangereux mais impose la destruction des cultures bio contaminées, soulève des questions sur la gestion des risques liés à cet herbicide.

Mesures réglementaires et alternatives

Face à ces défis, l’Anses a imposé de nouvelles conditions d’utilisation du prosulfocarbe, notamment en réduisant les doses maximales autorisées et en établissant une distance de sécurité avec les zones d’habitation. Parallèlement, la recherche d’alternatives non chimiques est encouragée, nécessitant une réflexion globale sur les systèmes de production agricole et une transition vers l’agroécologie.

Renouvellement de l’autorisation et perspectives

Malgré ces préoccupations, l’autorisation du prosulfocarbe a été renouvelée jusqu’en 2027 par la Commission européenne, sans nouvelle évaluation complète. Cette décision a suscité des critiques et des appels à une réévaluation plus rigoureuse de ses impacts sur la santé et l’environnement.

Alternatives biologiques au prosulfocarbe

Face aux risques associés au prosulfocarbe, il est essentiel d’explorer des alternatives biologiques. Ces méthodes se concentrent sur la prévention de la croissance des mauvaises herbes plutôt que sur leur élimination après apparition. Parmi les stratégies envisageables, l’association de différentes espèces ou variétés de cultures ayant un bon pouvoir couvrant est prometteuse. Cette approche limite naturellement le développement des adventices, réduisant ainsi le besoin d’herbicides.

De plus, le désherbage mécanique, bien que plus laborieux, offre une solution efficace et respectueuse de l’environnement. Ces méthodes exigent une réflexion approfondie sur la modification des systèmes de production actuels et s’inscrivent dans une démarche globale de transition agroécologique. Adopter de telles pratiques pourrait non seulement réduire la dépendance aux herbicides chimiques mais aussi favoriser la biodiversité et la santé des écosystèmes.

L’analyse de l’ANSES

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