Cette zone méconnue représente 70 % du désordre visuel ressenti en hiver.

Michel Duchène
Michel Duchène
10 Min de lecture
Notez cet article !

La perception que nous avons des espaces extérieurs subit une métamorphose profonde durant la période hivernale. Au fur et à mesure que les feuilles tombent et que la flore perd son feuillage, des éléments qui demeuraient invisibles jusqu’alors émergent soudainement dans notre champ de vision.

Une recherche récente réalisée par des professionnels en architecture paysagère a mis en lumière que 70 % du désordre visuel ressenti en hiver provient d’une zone précise dans nos jardins et parcs. Cette découverte remet en question notre manière d’aborder l’aménagement paysager durant la saison froide.

Une strates souvent négligée dans l’aménagement paysager

Cette zone particulière, connue sous le nom de zone médiane du jardin, se situe entre 1,20 et 2,50 mètres de hauteur. Souvent ignorée par de nombreux propriétaires qui se focalisent sur les niveaux inférieurs ou supérieurs, elle prend une allure bien plus perceptible une fois la végétation caduque disparue.

Les spécialistes du paysage définissent trois strates majeures dans un espace vert : la strate herbacée (0 à 80 cm), la strate arbustive (80 cm à 3 mètres) et la strate arborée (au-delà de 3 mètres). La strate arbustive correspond à ce niveau intermédiaire problématique.

Les défaillances visibles l’hiver

En été, les feuillages luxuriants des arbustes caduques dissimulent efficacement des éléments moins esthétiques, tels que les clôtures rouillées, les infrastructures techniques ou encore les objets laissés à l’abandon. Cependant, avec l’arrivée de l’hiver, cette couverture végétale s’efface progressivement, mettant ainsi en lumière un paysage souvent délaissé.

Un inventaire des éléments qui apparaissent dans la zone médiane pendant la saison froide est révélateur :

  • Infrastructures techniques : compteurs, câblages non dissimulés, canalisations visibles
  • Équipements externes : outils mal rangés, arrosoirs abandonnés, tuyaux d’arrosage enchevêtrés
  • Structures abîmées : clôtures en mauvais état, portails décrépits, murets fissurés
  • Objets divers non rangés : bacs de déchets, matériaux de construction non utilisés, mobilier détérioré
  • Végétation morte : branches cassées, tiges sèches non taillées, plantes en état de dégradation

Démarche psychologique face au désordre hivernal

Des études en psychologie environnementale montrent que le dérangement visuel a un impact significatif sur notre bien-être mental. S’ajoutant au pessimisme naturel de l’hiver, cette pollution visuelle accentue les sentiments négatifs.

Le Dr Marie Dubois, spécialisée en psychologie environnementale à l’Université de Lyon, commente : « Notre cerveau est continuellement en train de traiter les informations visuelles de notre environnement. Un espace encombré entraîne un stress cognitif supplémentaire, ce qui peut devenir particulièrement nuisible durant les longs mois d’hiver. »

Les facteurs accentuant la perception hivernale du désordre

Plusieurs raisons expliquent pourquoi le désordre est d’autant plus frappant en hiver :

  1. Contrastes renforcés : les éléments colorés émergent plus nettement sur un arrière-plan terne
  2. Luminosité diminuée : l’œil a tendance à se focaliser sur des détails proches
  3. Durée d’observation accrue : un climat peu incitatif à l’extérieur amène à scruter plus longuement l’environnement
  4. Absence de stimulants naturels : la disparition des couleurs vives et des mouvements féeriques des feuilles enlève une certaine légèreté au paysage

Solutions d’aménagement pour améliorer la zone médiane

Pour faire face au désordre visuel en hiver, il est crucial d’adopter une approche réfléchie en matière d’aménagement paysager. L’intégration de plantes persistantes représente une des premières interventions à envisager.

Les végétaux adaptés aux conditions hivernales

Les arbustes à feuillage persistant constituent une option efficace pour préserver un écran visuel durant toute l’année. Voici quelques espèces adaptées au climat français :

Espèce Hauteur adulte Résistance au froid Particularités
Photinia 2-3 mètres -15°C Feuillage rouge au printemps
Laurier-tin 2-4 mètres -12°C Floraison hivernale
Eleagnus 2-3 mètres -20°C Feuillage panaché
Bambou 2-5 mètres Variable Croissance rapide

Méthodes pour minimiser la visibilité du désordre

En plus de cultiver des végétaux appropriés, plusieurs stratégies peuvent aider à diminuer l’impact visuel des éléments inesthétiques :

Treillis et claustras : ces structures légères créent un écran de séparation permanent tout en conservant une certaine transparence. Disposés à la hauteur adéquate, ils parviennent à dissimuler efficacement la zone problématique.

Écrans modulables : panneaux amovibles, paravents extérieurs ou voiles d’hivernage esthétiques fournissent une solution temporaire et adaptative selon les saisons.

Éclairage réfléchi : en dirigeant la lumière vers des zones visibles, on peut détourner l’attention des éléments moins agréables sur le plan visuel.

Préparation proactive et organisation de l’espace

La meilleure protection reste la prévention. Concevoir l’espace en amont permet d’éviter l’accumulation superflue d’éléments indésirables dans la partie médiane.

Définition de zones techniques discrètes

Il est judicieux de désigner des espaces réservés aux éléments fonctionnels afin d’éviter leur dispersion désordonnée. Ces zones peuvent être :

  • Situées à l’arrière de la maison, loin des vues principales
  • Encadrées par des haies maintenues à une hauteur raisonnable
  • Équipées de solutions de rangement appropriées (coffres, abris)
  • Facilement accessibles pour l’entretien régulier

Planification des adaptations saisonnières

Une approche centrée sur les saisons dans l’aménagement permet de mieux anticiper les changements hivernaux. Cette planification prend en compte :

Automne : entretenir le jardin en faisant un nettoyage méticuleux, ranger les outils et couper le feuillage mort.

Hiver : mettre en place des écrans temporaires et ajuster l’éclairage pour une ambiance conviviale.

Printemps : retirer les protections de saison, replanter de nouveaux végétaux pour densifier la couverture.

Été : évaluer les résultats des aménagements en cours et apporter les ajustements nécessaires.

Pratiques professionnelles face à cette problématique

De plus en plus, les paysagistes professionnels incluent cette problématique dans leurs projets d’aménagement. L’approche saisonnière gagne en popularité pour tous les aménagements extérieurs de qualité.

Jean-Pierre Martin, un paysagiste avec vingt ans d’expérience dans le domaine, témoigne : « Nous effectuons maintenant des visites régulières en hiver pour nos projets antérieurs afin d’évaluer leurs points faibles et d’affiner nos méthodes pour les futurs aménagements. »

Outils d’évaluation visuelle disponibles

Les professionnels disposent de divers outils pour anticiper les effets des aménagements durant l’hiver :

  • Modélisation tridimensionnelle : simulations d’espaces avec et sans feuillage
  • Photomontages saisonniers : visualisation de l’espace durant les différentes saisons de l’année
  • Grilles d’évaluation : analyse systématique des zones à risque
  • Visites sur site : exploration directe des aménagements en période hivernale

Analyse des coûts et investissements

Investir dans des solutions dédiées à la zone médiane engendre des coûts variés selon les options retenues. Voici une estimation des coûts moyens :

Plantation d’arbustes permanents : entre 15 et 40 euros par mètre linéaire en fonction des espèces choisies.

Installation de treillis ou claustras : coût variant entre 30 et 80 euros par mètre linéaire.

Amenagement d’un espace technique camouflé : 200 à 500 euros en fonction de la superficie allouée.

Éclairage additionnel : 50 à 200 euros par point lumineux installé.

Ces investissements entraînent rapidement un retour sur investissement en améliorant la qualité de vie et en augmentant la valorisation potentielle de votre bien immobilier.

Tendances émergentes et innovations dans l’aménagement

Le marché actuel propose des solutions innovantes pour répondre à cette question croissante. Les écrans végétaux modulables offrent une installation rapide tout en permettant une adaptation selon les besoins spécifiques des utilisateurs.

Les systèmes de végétalisation verticale gagnent en popularité, apportant une réponse compacte pour créer un écran visuel constant même dans des espaces restreints.

Certains fabricants conçoivent des gammes d’équipements à des teintes neutres, permettant de mieux les intégrer dans le paysage hivernal afin d’éviter d’attirer l’attention sur des éléments inesthétiques.

Cette prise de conscience croissante de l’importance de la zone médiane révolutionne graduellement les pratiques en matière d’aménagement des espaces extérieurs. Aborder cette problématique dès la conception garantit un cadre de vie harmonieux tout au long de l’année, ce qui est d’autant plus appréciable durant les périodes hivernales.

Nostrodomus, site d'amateurs passionnés, a besoin de VOUS ! Ajoutez nous à vos favoris sur Google News (icône ☆) pour nous faire connaître, merci d'avance !


--> Google News

Partagez cet article
Laissez un commentaire