Votre jardin est rempli de magnifiques vivaces qui commencent à montrer des signes de faiblesse ? Lorsqu’on observe que le centre des touffes est dégarnie et que seuls les bords restent forts, il est grand temps de penser à la division. Cette méthode, qui remonte à des siècles, est idéale pour revitaliser vos plantes tout en augmentant votre collection végétale.
Diviser vos vivaces est une alternative plus rassurante que de semer des graines, une activité qui nécessite beaucoup de temps et d’incertitudes. La division permet de produire des plants identiques à ceux de la plante mère, qui seront prêts à fleurir dans l’année qui suit l’opération. Non seulement cette technique est économique, puisqu’elle demande simplement un peu de patience et de travail physique, mais elle répond aussi à un besoin essentiel de plusieurs espèces vivaces. Après quelques années, leur souche peut s’éroder, et il devient nécessaire de procéder à une division. Ce processus les revitalise et vous aide à obtenir de nouveaux échantillons à replanter dans votre jardin ou à distribuer à vos amis.
Identifier le bon moment pour diviser
Le succès de la division dépend fortement du moment choisi pour l’effectuer. Les vivaces qui fleurissent au printemps, telles que les Hemerocallis, Hosta et Iris, doivent être divisées à la fin de l’été ou au début de l’automne, soit entre août et octobre. Cette période leur permet de rétablir leur système racinaire avant l’hiver.
En revanche, les vivaces qui fleurissent en automne, comme les Aster, Chrysanthemum et Helenium, se divisent de préférence au printemps, dès que les risques de gel sont écartés. Le redémarrage de la végétation favorise un enracinement rapide.
Certaines espèces peuvent être divisées à différents moments dans l’année. Par exemple, les Bergenia supportent aussi bien les divisions printanières qu’automnales, tandis que les Sedum peuvent être divisés en été, en veillant simplement à les arroser de manière adéquate.
Signes indiquant qu’une division est nécessaire
Plusieurs signes visibles peuvent indiquer qu’il est temps de diviser vos vivaces. L’un des plus évidents est le dégarnissement au centre des touffes. Si le cœur de la plante devient creux ou clairsemé alors que les bords sont encore denses, c’est un signal évident qu’il est temps d’agir.
Une diminution de la floraison est également un indicateur important. Si une vivace qui produisait auparavant une abondance de fleurs ne produit plus que quelques floraisons éparses, cela indique généralement qu’elle a épuisé les nutriments disponibles dans le sol.
Un étalement excessif peut également justifier une division, surtout pour certaines espèces couvre-sol, telles que les Ajuga ou les Lamium, qui peuvent devenir envahissantes. Dans ce cas, effectuer une division permet non seulement de gérer leur expansion, mais aussi de récupérer des plants en bonne santé.
Préparation et matériel nécessaire
Pour la division, un outillage simple mais de qualité est essentiel pour éviter tout dommage inutile aux plantes. Il est nécessaire d’avoir une bêche bien aiguisée pour déterrer les souches sans blesser les racines environnantes. Prévoyez également un sécateur propre pour couper les parties abîmées, ainsi qu’un couteau de jardin pour diviser délicatement les rhizomes ou les stolons.
Pensez aussi à disposer de plusieurs contenants pour accueillir temporairement les divisions : pots, bacs ou simplement une toile de jute humide. Un arrosoir avec une pomme fine sera utile pour humidifier les racines sans risque de les endommager.
La veille de l’intervention, il est conseillé d’arroser généreusement la plante à diviser. Cela facilitera son extraction et limitera le stress hydrique subi par les racines.
Processus de division étape par étape
Extraction de la souche mère
Commencez par tracer un cercle large autour de la plante, à environ 20 centimètres des feuilles pour les variétés de taille intermédiaire. Enfoncez la bêche verticalement tout autour de cette zone pour couper les racines adventives. Cette étape est importante pour éviter d’arracher brutalement le système racinaire lors de l’extraction.
Insérez ensuite la bêche sous la motte de manière inclinée afin de créer un effet de levier. Soulevez progressivement la motte en utilisant éventuellement une fourche-bêche de l’autre côté. Il arrive que les grosses souches nécessitent l’aide de deux personnes pour être extraites correctement.
Observation et nettoyage
Après avoir extrait la souche, secouez-la doucement pour enlever l’excès de terre. Cette étape vous permettra de bien observer la structure racinaire et d’identifier les parties saines et celles qui sont endommagées. Il est crucial de retirer immédiatement les racines noires, molles ou malodorantes car elles sont le signe de pourriture.
Examinez scrupuleusement la répartition des bourgeons et des points de croissance. Chaque division doit avoir au moins trois à cinq bourgeons viables pour garantir une bonne reprise.
La division proprement dite
Pour les souches plus tendres, telles que celles des Hosta ou Hemerocallis, vous pouvez utiliser vos mains pour les séparer doucement. Il faut tirer avec fermeté tout en respectant les lignes de moindre résistance.
Pour les souches plus coriaces comme celles des Iris ou Bergenia, un couteau bien aiguisé sera nécessaire. Coupez soigneusement en veillant à ce que chaque segment conserve son lot de racines et de bourgeons. Pour prévenir les infections fongiques, saupoudrez les plaies de coupe avec de la poudre de charbon de bois.
Replantation et soins post-division
Il est important de replanter les divisions rapidement après la séparation. Préparez des trous légèrement plus larges que la motte racinaire et ajoutez du compost bien décomposé au fond. Cette matière organique favorise l’enracinement tout en conservant l’humidité.
Assurez-vous de positionner chaque division à la même profondeur qu’elle avait dans la souche mère. Une plantation trop profonde risque de provoquer la pourriture du collet, tandis qu’un enracinement trop superficiel expose les racines au dessèchement.
Tassez légèrement la terre autour des racines pour supprimer les poches d’air, puis hydratez abondamment. Cette première irrigation est essentielle pour favoriser un bon contact entre les racines et le sol.
Surveillance durant les premières semaines
Les divisions récemment plantées traversent une période délicate pendant laquelle leur système racinaire s’établit. Il est crucial de garder le sol constamment humide sans le saturer pendant les trois à quatre premières semaines. Un paillis organique d’environ 5 centimètres d’épaisseur est bénéfique pour conserver l’humidité tout en régulant la température du sol.
Il est également conseillé de couper temporairement les hampes florales qui pourraient apparaître durant cette période de récupération. L’énergie de la plante doit se concentrer sur l’enracinement plutôt que sur la production de fleurs.
Espèces adaptées à la division
Certaines vivaces sont particulièrement bien adaptées à cette méthode de multiplication. Les Hemerocallis, par exemple, sont connues pour leur facilité de séparation : leurs rhizomes charnus se désolidarisent aisément à la main, avec un excellent taux de reprise.
Les Hosta font également partie des candidats idéaux. Leur structure couronnée se divise facilement, et chaque fragment donne rapidement naissance à une nouvelle touffe. Toutefois, attendez que la plante ait atteint trois ans avant d’effectuer la première division.
Les Iris germaniques nécessitent une division tous les trois à quatre ans pour conserver leur vitalité. Leurs rhizomes épais se coupent aisément avec un couteau, chaque tronçon de 8 à 10 centimètres portant des racines et une touffe de feuilles produira une nouvelle plante.
On peut également citer parmi les autres espèces faciles à diviser les Rudbeckia, Echinacea, Monarda et Phlox paniculata, qui forment rapidement de nouvelles couronnes périphériques se détachant aisément.
Maximiser le rendement de vos divisions
Une souche mère bien développée peut produire entre 5 et 15 nouvelles plantes, selon l’espèce et l’âge. Pour maximiser ce rendement, choisissez des plantes mères robustes ayant au moins trois ans. Les jeunes sujets sont souvent peu productifs en matière de divisions viables, tandis que les très vieilles souches ont tendance à ne donner que des éclats chétifs.
Il est préférable de privilégier la qualité à la quantité. Mieux vaut obtenir moins de plants plus solides qui s’établiront rapidement plutôt qu’une quantité d’éclats rachitiques et faibles qui végéteront.
Si la partie centrale de la souche mère montre encore des signes de vitalité, il est conseillé de la garder. Après avoir enlevé les zones dégénérées, replantez ce cœur rajeuni, qui reprendra souvent mieux que les divisions périphériques.
Gestion des excédents de plants
La division peut souvent aboutir à un excédent de plants, au-delà des besoins personnels. Plusieurs solutions s’offrent à vous pour tirer profit de ces surplus. L’échange avec d’autres jardiniers est une excellente option, permettant d’enrichir votre collection tout en faisant plaisir aux autres.
Les bourses aux plantes organisées par des associations horticoles sont également d’excellentes occasions. Ces événements rassemblent des passionnés cherchant de nouvelles variétés, et vos divisions seront rapidement adoptées.
Vous pourriez également créer un potager en contenant pour accueillir temporairement vos divisions excédentaires. Cultivées en pots, elles peuvent être conservées pendant plusieurs mois et offertes au bon moment ou replantées selon vos besoins futurs.
La division des vivaces se transforme ainsi en une opportunité enrichissante pour le jardinier astucieux. Non seulement cette technique ancestrale permet de renouveler vos massifs à moindre coût, mais elle vous donne aussi la chance de faire perdurer vos plantes préférées. Maîtrisée avec soin, elle s’avère être un outil précieux pour une abondance florale au jardin.