Un environnement sain pour vos bambins

La pollution à l’intérieur de la maison est bien plus importante qu’à l’extérieur. Les premières victimes en sont les enfants, dont l’organisme en formation est moins adapté pour affronter les polluants présents dans les peintures, produits d’entretien, boiseries, etc. Asthme, allergies voire cancers… La pollution domestique devient un véritable fléau de santé publique.
10 %. C’est le pourcentage d’enfants asthmatiques en France selon l’association Asthme et allergies. Parmi les principales causes, la pollution, notamment à l’intérieur des maisons. Ces affections, parfois couplées à d’autres manifestions physiques, sont souvent la conséquence d’un air intérieur pollué, bien plus qu’à l’extérieur, et auquel les enfants sont plus sensibles.
En 2004, un groupe de chercheurs australiens publiait une étude démontrant l’impact des composés organiques volatils (COV) sur le développement de l’asthme. Selon cette étude, les ’’enfants exposés à des émissions élevées de COV, à l’intérieur de leur domicile, seraient quatre fois plus susceptibles de souffrir d’asthme que les enfants dont l’air de la maison en est exempt.’’
Les composés organiques volatils (COV) de type formaldéhyde peuvent engendrer des allergies chez les enfants.
Corinne Bullat, qui se définit comme ’’décoratrice biologiste de l’habitat’’, prend en considération ces facteurs depuis plusieurs années, notamment dans l’agencement des chambres d’enfant. ’’Les COV sont partout, assure-t-elle : dans la peinture, les revêtements de sol, les colles, les panneaux de particules.’’ Parmi ces COV le formaldéhyde est le plus connu et… le plus dangereux. Pour les jeunes enfants, il peut, selon la jeune femme, ’’provoquer des allergies, de l’asthme, des maux de tête’’. Le taux de formaldéhyde augmente avec la hausse de la température et/ou du taux d’humidité, ainsi que par contact vibratile (marcher sur un panneau à particules par exemple).
94 % des logements franciliens contaminés par des pesticides
De son côté, l’INERIS (Institut national de l’environnement industriel et des risques) vient de publier une étude alarmante. 94 % des logements franciliens seraient contaminés par des pesticides, dont certains sont interdits ! Parmi eux, le dangereux lindane, un insecticide commercialisé depuis 1938, qui servait dans le traitement des sols, des semences, la protection des bois d’œuvres… Le lindane est composé de neurotoxines, qui, selon l’INERIS, peuvent être ’’cancérigènes et perturbateurs endocriniens.’’ Quand on sait que le lindane est présent dans 88 % des 130 foyers testés en Ile de France, on mesure mieux l’enjeu de la lutte contre la pollution intérieure…
Ces résultats sont d’autant plus alarmants que les enfants sont beaucoup plus sensibles à ces pollutions que les adultes, leurs systèmes nerveux et hormonaux étant en plein développement. Et même si les effets concrets se font, pour le moment, sentir essentiellement au niveau de l’asthme et des allergies et qu’aucune étude sérieuse en France n’a encore été publiée pour démontrer le lien entre pollution domestique et cancers et/ou troubles neuropsychologiques chez l’enfant, il est nécessaire de prévenir le pire. Une étude américaine de l’Environment Health Perspective, sortie il y a 10 ans, notait même que le nombre de cancers chez les enfants avait augmenté de 35 %. De là à y voir une relation de cause à effet avec la pollution de l’air intérieur, il n’y a qu’un pas que l’on franchira au nom du principe de précaution.
Écologique, sain, mais pas forcément économique
Les agents toxiques se retrouvent partout : nettoyants, moquettes, aspirateurs, literie, etc. Evidemment, difficile de les éviter. ’’Il est impossible d’avoir une maison saine à 100 %’’ concède Corinne Bullat. Idem pour la moquette, il faut ’’éviter les moquettes synthétiques’’ et leur préférer des moquettes végétales. Toujours au sol, le PVC est à éviter, d’autant plus qu’en cas d’incendie, il dégage des émanations de chlore très toxiques. Dans la mesure du possible (et du budget !), Corinne Bullat préconise l’utilisation de matériaux, peintures et substances ’’écolos’’ (peintures à la caséine, soja, chaux, colles sans formaldéhyde, produits d’entretien écolabellisés, papiers peints écolos avec de l’encre à l’eau et sans solvant, etc.).
Pour le mobilier, il convient d’éviter les panneaux de particules et préférer les meubles en bois massif non traités. Du naturel toujours, même concernant l’isolation : ’’laine de mouton, ouate de cellulose, chanvre…’’
Et ça coûte cher d’aménager écolo ? ’’Pas beaucoup plus que polluant’’, rassure Corinne Bullat. A voir… Ce n’est en tous cas pas l’avis de François Desombre, l’auteur de ’’J’attends une Maison’’ (sorti aux éditions la Pierre Verte) : ’’le pire est que plus le produit est économique, plus il risque d’être nocif.’’ Et l’auteur d’exhorter : ’’Par pitié, choisissez des écoproduits connus. C’est un peu onéreux peut-être, mais le plus cher à vos yeux, c’est vos enfants, non ?’’
Laisser la maison ’’respirer’’
Évidemment tout le monde n’a pas les moyens de garantir un air 100 % pur à ses enfants. Quelques conseils et investissements peu onéreux peuvent néanmoins permettre de limiter les dégâts. D’une manière générale, Corinne Bullat insiste sur le concept de ’’respiration de la maison’’. La règle numéro un, c’est d’aérer chaque pièce 10 mn matin et soir. Avec une température conseillée à ’’18 ou 19 degrés’’, grâce à un radiateur à inertie, les enfants jouiront d’un environnement favorable.
L’autre ennemi, notamment pour les asthmatiques et les allergiques, c’est l’aspirateur, qui rejette 60 % de poussières dans l’air. La solution, selon Madame Bullat : l’HEPA, un filtre très serré qui ne laisse (presque) rien passer.
Privilégiez les couettes, matelas et oreillers en matériaux naturels.
Côté literie, les lits superposés sont à éviter, le lit du bas ’’bénéficiant’’, en plus de ses propres acariens et poussières, de ceux du matelas du dessus. Les couettes, matelas, oreillers, taies devront par ailleurs être composés, de préférence, de matériaux respirants, donc naturels (coton, plumes, etc.).
Toujours dans la chambre, la pollution électromagnétique occasionnée par les ordinateurs, téléphones portables, radio-réveil… peut provoquer des troubles du sommeil. Outre le fait de limiter leur présence dans la chambre, Corinne Bullat conseille d’acheter un biorupteur, qui permet de protéger totalement du champ électrique et magnétique une pièce en coupant automatiquement un circuit électrique en l’absence de toute consommation.Et si vraiment vous ne pouvez pas faire du ’’tout sain’’, à moins de 20 €, vous pouvez acquérir des plantes dépolluantes tel le philodendron, qui réduisent le taux de formaldéhyde dans une pièce en moins de 6 h. Cependant, pensez à la placer hors de portée de l’enfant car l’ingestion d’une feuille de cette plante est dangereuse pour lui. Pour les enfants allergiques, on se renseignera à l’avance sur les propriétés allergènes de la plante souhaitée. Bref, il n’existe malheureusement pas de solutions satisfaisantes à 100 % pour lutter contre la pollution domestique, mais de nombreux moyens permettent de la réduire considérablement.
Aménager sain : combien ça coûte ?
Aménager de façon saine et écologique n’est pas forcément le plus économique. Néanmoins, certains produits sont accessibles à (presque) toutes les bourses :
- Peinture écolo Auro : 0,88 € / m2
- Biorupteur : à partir de 100 €
- Filtres aspirateur HEPA : environ 40 € le lot de 2
- Nettoyant sol écolabellisé : à partir de 4 € le litre
- Plante dépolluante type philodendron : environ 20 €
- Radiateur à inertie : à partir de 400 €