Pourquoi faire appel à un paysagiste ?

Les espaces extérieurs sont importants pour une grande majorité de Français. Ils sont pourtant une minorité aujourd’hui à faire appel à un professionnel pour le créer et/ou l’entretenir… Emmanuel Mony, président de l’Unep explique à Nostrodomus les bonnes raisons pour faire appel à un paysagiste.
« Aménager les espaces extérieurs, c’est un métier, une affaire de spécialistes ! » clame Emmanuel Mony. C’est la raison numéro un, martelée par le président de l’Union Nationale des Entrepreneurs du Paysage (UNEP), lorsqu’on lui demande pourquoi faire appel à un paysagiste. « N’importe qui peut nettoyer sa voiture. En revanche, pour la réparer, on imagine plus difficilement ne pas faire appel à un professionnel… » s’amuse-t-il à transposer. Plus concrètement, l’UNEP, qui fédère 70 % des actifs du métier, illustre cette expertise en quatre arguments :
– Concevoir un projet sur mesure, adapté aux souhaits du client (famille avec enfants, personnes âgées, capacités d’entretien, adaptation au climat ou au budget).
– Réussir les aménagements avec le bon choix de matériaux et de végétaux.
– Aménager un espace dont on puisse profiter toute l’année (échelonnement des floraisons, etc.).
– Et au final garantir la qualité et la pérennité de cet espace.
Autant d’arguments tout à fait recevables… Alors pourquoi le recours aux paysagistes n’est-il pas si « automatique » que cela en France ? Peut-être parce que le périmètre d’expertise du paysagiste est encore un peu flou pour bon nombre de particuliers. « Tout ce qui est à l’extérieur nous concerne ! » rétorque Emmanuel Mony. « De la mise en place d’une toiture végétalisée à l’aménagement d’un balcon en passant évidemment par l’entretien d’un jardin classique. Par exemple, pour l’implantation d’une piscine, il vaut mieux faire appel à un paysagiste avant même de faire intervenir un piscinier. » Selon une récente enquête Ipsos commandée par l’UNEP (voir l’article déjà publié sur Nostrodomus), 75 % des Français disposent d’un « espace de jardinage extérieur » et seulement 10 % d’entre eux ont déjà fait appel à un professionnel pour en assurer l’entretien ou la création… La marge est grande !
Le prix du professionnalisme
C’est qu’il reste un écueil de taille : le prix. Ou tout du moins la « peur » d’un coût trop élevé, comme l’indique une majorité des paysagistes interrogés par Nostrodomus (voir l’encadré ci-dessous). Avec d’un côté des prestations gourmandes en main d’œuvre et de l’autre, une mauvaise perception du niveau d’expertise requis, il est vrai que la tentation est grande pour bon nombre de personnes d’envisager faire ces travaux eux-mêmes. Voire de tomber dans le piège de travail au noir. « Faire appel à un paysagiste ce n’est pas si cher, dément Emmanuel Mony. Pour une création, on peut démarrer à 50 €/m². Côté entretien, avec les services à la personne, on ne dépasse pas les 40 € de l’heure. Et généralement, les particuliers ne se rendent pas compte de ce qui peut être fait en une heure par un professionnel avec l’outillage adéquat« . A cela s’ajoute un autre problème : « beaucoup de personnes s’improvisent paysagistes, » déplore le président de l’UNEP. Avec des conséquences graves sur l’image de toute la profession. On comprend mieux pourquoi l’interprofession a mis en place divers outils pour garantir le sérieux de ses adhérents, comme une charte qualité interne ou même une certification officielle de service avec Qualicert. « J’invite les particuliers à jouer la carte de la proximité, en préférant toutefois une société garantissant son professionnalisme, » conclut Emmanuel Mony.
Les particuliers : un terreau fertile
Une chose est claire, en tout cas : les paysagistes ne ménagent pas leurs efforts pour séduire le marché des particuliers… Tant il est vrai que le « terrain » reste encore vaste à conquérir et plutôt « fertile » : Avec plus de 1,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires généré, les chantiers de particuliers pèse déjà plus de 40 % de l’activité de la profession. « Le marché croît de 3 à 4 % par an, » explique Emmanuel Mony, qui observe l’évolution de la donne chez nos voisins européens (notamment allemands), où les chantiers particuliers représentent la grosse majorité de leur activité.
Et à l’heure où la profession accuse un ralentissement de son activité (cf. baromètre UNEP/Agrica du 24 mars 2009) et n’affiche pas de bonnes projections pour 2009, la cible des particuliers pourrait s’avérer une bonne « valeur refuge ». « En ces temps de crise, le coup de frein se fait plus particulièrement sentir sur les marchés publics et la promotion immobilière, explique le président de l’UNEP. Côté particuliers, en revanche, une partie des Français trouvent une nouvelle motivation pour revaloriser leur propriété. Les aménagements extérieurs font partie des meilleurs leviers pour atteindre cet objectif« . Ce n’est pas l’enquête Ipsos qui démentira cette opinion : un Français sur deux cite le jardin ou la terrasse comme l’une des deux pièces conférant le plus de valeur à l’habitat ! Mieux : pour les prochaines vacances, 39 % des sondés ont affirmé vouloir investir dans leur jardin et le « bichonner » pour en profiter un maximum cet été…
Bizarrement, l’interprofession ne mise pas tout sur cette tendance, et opte pour un autre cheval de bataille très à la mode pour sa prochaine campagne de communication : la santé et le bien-être. Les paysagistes ne manquent pas de ressources !
Paroles de paysagistes
Nostrodomus a soumis à une vingtaine de paysagistes un petit questionnaire. Morceaux choisis.
Question : En tant que particulier, pourquoi faire appel à un paysagiste ?
« Le professionnel saura proposer le meilleur compromis en matière de projet au regard du budget. Il alliera la meilleure technique, le meilleur choix des essences et des matériaux en fonction de la destination de l’ouvrage et de son coût d’entretien. »
« Un regard extérieur et professionnel, garantissant la réussite des trois phases fondamentales pour un jardin : la conception, la création et l’entretien. »
« Le paysagiste doit intervenir le plus en amont possible de chaque projet afin d’éviter tout dérapage (si courant) impliquant des surcoûts pour le client, notamment dus à un espace mal appréhendé par les différents corps de métier du bâtiment. »
« Compétence et professionnalisme, rigueur, connaissance des techniques de plantation et de mise en œuvre des matériaux, garantie et SAV. »
Question : Quel est le principal frein, selon vous, pour qu’un particulier fasse appel à vos services ?
« L’idée reçue que les prestations réalisées par un professionnel du paysage coûteraient plus cher que celles de « l’ami d’un ami qui sait faire le même travail pour presque rien et sans TVA »… en d’autres termes du travail au noir ».
« Nombre de particuliers mettent 10/15 000 € dans une nouvelle cuisine. Les mêmes personnes ont du mal à concevoir mettre le même montant pour aménager leur espace extérieur. »
« Le budget, le budget et le budget ! ! ! Souvent, l’architecte ou le constructeur ont « omis » ou sous-estimé le poste jardin ».
« Le prix car le métier n’est pas valorisé à sa juste valeur : on est prêt à dépenser 60 €/H voire plus pour faire réparer sa voiture, mais dépenser 35 ou 40 € pour faire des travaux dans son jardin c’est trop cher ? »
« La peur du prix »
« Trop de charlatans s’improvisent entrepreneurs du paysage »