Travaux

Les isolants passés au crible

Par Michel Duchène , le jeudi, 4 avril 2019, 17h52 , mis à jour le mardi, 23 avril 2019, 13h45 — Isolation - 10 minutes de lecture
Isolation-thermique

Laines minérales, mousses alvéolaires ou isolants naturels présentent tous des avantages et des inconvénients. Le point pour choisir en connaissance de cause.

Le chauffage représente 69 % de la consommation énergétique d’une maison. Or l’isolation permet d’économiser de 80 à 100 % sur ce poste. Autant dire que le sujet vaut la peine de s’y pencher deux minutes ! « Avec l’isolation, on en prend pour 50 à 75 ans !, s’exclame Erik Blin, responsable communication et stratégie web chez Isover, un des leaders du marché. En outre, elle ne nécessite pas d’entretien, à l’inverse d’une chaudière. L’énergie la moins chère est toujours celle qu’on ne consomme pas ! ».

Qu’il s’agisse d’une construction neuve, d’une rénovation ou d’une volonté d’améliorer son habitat, il existe toujours une solution adaptée. « En fonction du budget, des goûts et des préoccupations environnementales du maître d’ouvrage, il existe une très large palette d’isolants, avec chacun des avantages et des inconvénients », explique Gaëtan Fouilhoux, responsable développement durable chez Rockwool. Déterminez aussi le niveau de confort visé. A côté de la protection contre le froid, on peut rechercher la protection contre le chaud (l’été) ou le bruit. Autre élément essentiel à prendre en compte : la nature de la paroi à isoler (mur, sol, toiture, etc.). Les contraintes étant différentes, mixer différents isolants s’avère souvent une solution pertinente. On peut par exemple prendre de la laine de verre pour les murs et de la laine de roche pour les combles perdus. Selon l’usage, on s’orientera vers des panneaux, des rouleaux, des produits à souffler, etc.

En France, les laines minérales sont, de loin, les isolants les plus utilisés. Selon la FILMM*, elles représentent deux tiers des matériaux d’isolation employés, dont environ 70 % de laine de verre et 30 % de laine de roche. Les polystyrènes et mousses viennent derrière. Autres produits disponibles : le chanvre, la laine de mouton, les plumes, la laine de bois, la ouate de cellulose, etc. Ces isolants dits « non conventionnels » pèsent moins de 5 % du marché en volume. Mais – du fait de leur prix élevé – ils représentent nettement plus en valeur : 20 à 25 % ! Et ils ont le vent en poupe, portés par une image naturelle et écologique. « Il y a de la place pour tout le monde, commente Frédéric Mercier, responsable technique chez Knauf insulation. Le seul problème, c’est que certains de ces produits n’ont pas encore fait leurs preuves techniques et veulent dénigrer à tout prix les laines minérales ». « Les isolants traditionnels tels que la laine de verre ou le polystyrène extrudé sont des produits certifiés, reconnus par les instances scientifiques », insiste le fabricant Ursa.

Laines minérales : des classiques au bon rapport qualité/prix

Concrètement, les laines minérales ont de nombreux avantages à mettre en avant. A commencer par leur rapport qualité/prix. Autre atout : leur ancienneté sur le marché (30-40 ans pour la laine de roche, 100 ans pour la laine de verre). Elle offre un certain recul et les fabricants ont eu le temps d’améliorer leurs produits. Cela concerne à la fois les performances (coefficient λ jusqu’à 0,032) et la facilité de pose (produits enveloppés d’une membrane douce par exemple). « Cela peut sembler plus étonnant, mais les laines minérales ont aussi pour atout leur moindre impact environnemental », ajoute Erik Blin d’Isover. Le sable ou le verre recyclé sont des ressources naturelles et abondantes. En outre, la production est locale. « En termes de cycle de vie, le chanvre laisse une plus forte empreinte environnementale qu’une laine minérale, affirme Gaëtan Fouilhoux chez Rockwool. En effet, la plante consomme énormément d’eau, une ressource critique ».

Entre laines minérales, celle issue de roche se caractérise par de meilleures performances acoustiques et une protection contre les incendies. Plus dense que la laine de verre, elle est également particulièrement indiquée pour les sols ou sous l’étanchéité d’une toiture terrasse. La laine de verre, plus souple et moins résistante au tassement, conviendra mieux aux murs. Elle est aussi globalement plus facile à poser.

Du côté des détracteurs, on pointe un risque possible de cancer. « Il y a un amalgame avec l’amiante alors que la structure des fibres n’a rien à voir ! », s’insurge Frédéric Mercier. Et d’argumenter : la fibre d’amiante est naturelle, celles de laine de verre ou de roche sont artificielles. « Les laines minérales ne présentent pas de risque particulier pour la santé. Les études épidémiologiques menées en milieu professionnel sur plus de 45 000 personnes confirment ce constat », affirme Erik Blin. « La laine de verre est classifiée par le Centre International de Recherche contre le Cancer dans le même groupe des produits ne « pouvant être classé[s] quant à leur cancérogénicité pour l’homme », au même titre que… le thé ! », précise le fabricant Ursa. En usine, les personnels ne portent pas de masque ou de combinaison. « Ce qui est exact en revanche, c’est que c’est irritant et que ça pique », concèdent les fabricants. Après toute manipulation, une douche s’impose !

Produits alvéolaires : attention au feu

Les produits alvéolaires, polystyrène ou polyuréthane par exemple, ont également fait leurs preuves depuis longtemps. Grâce à leur résistance mécanique, ils supportent mieux la compression (planchers, toits terrasses, etc.). Ils conviennent aussi à une isolation par l’extérieur. Leur rigidité permet un usage en cloison, avec une pose en doublage collé. Chaque type de produit possède par ailleurs des caractéristiques propres. Le polystyrène extrudé a une excellente résistance mécanique à la charge, il n’est pas sensible à l’eau mais n’apporte rien au niveau acoustique. Le polystyrène expansé classique (blanc) est plus économique mais moins bon en thermique. Enfin, le polystyrène expansé graphité (gris) est performant à la fois thermiquement et acoustiquement. Gros point noir de tous ces produits : leur mauvaise résistance au feu. Ils dégagent alors des émanations toxiques, parfois mortelles. L’occasion de rappeler que s’équiper en détecteur incendie est aussi une bonne idée. A noter toutefois qu’il existe des polystyrènes résistants au feu, mais ils sont peu employés en maison individuelle. Autre inconvénient, le polystyrène est mangé par les termites. Attention donc si vous êtes dans une région concernée.

En cas de contrainte d’espace, les isolants minces constituent une option à creuser. Ils sont constitués d’une ou plusieurs couches de feuilles d’aluminium ou aluminisées de quelques micromètres d’épaisseur et comprennent des couches intermédiaires de différentes natures : mousse souple ou feutre d’origine animale, végétale ou de synthèse, polyéthylène à bulles. Globalement, ils sont moins performants qu’un isolant plus épais mais s’adaptent aux petits espaces.

Les nouveaux venus, plus naturels

Enfin, les adeptes du naturel ont aussi des solutions adaptées. Plumes, mouton, chanvre, laine de bois… Certains isolants évoquent davantage l’univers de la ferme que l’industrie lourde ! Ces éco-matériaux s’intègrent volontiers à des projets soucieux de l’environnement. Ils ne nécessitent pas de protection (masque, gants ou vêtements adaptés) et sont faciles à poser soi-même. Ils peuvent aussi respecter une certaine cohérence dans le projet. La laine de bois, très performante (hiver comme été et phoniquement), se marie particulièrement bien avec une maison ossature bois. En tant que consommateurs, attention aux garanties apportées par tous ces produits récents. Certains fournisseurs sont engagés dans une démarche de certification, comme la gamme Nap’tural d’Isoa (mouton, plumes, chanvre et coton). D’autres jouent uniquement la carte de l’autoproclamation. Autre hic : la disponibilité. Certains produits sont difficiles à trouver. Ils sont parfois aussi additionnés de produits nettement moins écolo, comme les sels de bore, aux propriétés anti-mites. Cela concerne notamment la laine de mouton. Les rongeurs peuvent aussi apprécier ces isolants moelleux (au même titre que la laine de verre d’ailleurs). Vérifiez que des grilles anti-rongeurs sont présentes et bien positionnées.

En bref, précisez bien votre cahier des charges avant de commencer : budget, confort visé, volonté environnementale, etc. Quel que soit le matériau retenu, ne vous arrêtez pas à son nom. Les caractéristiques peuvent être très différentes d’une référence à l’autre, même si c’est le même matériau.

Chauffage : d’autres moyens pour faire baisser la note

– Certains matériaux de construction dispensent d’une isolation intérieure. Leur structure interne emprisonne naturellement l’air. Il s’agit notamment du béton cellulaire ou de la brique monomur. Attention néanmoins : la pose se doit d’être particulièrement soignée pour éviter les ponts thermiques. Assurez-vous bien que le maçon est compétent sur ce type de matériaux !

– Pour un projet neuf, le choix de l’implantation de la maison est décisif. Privilégiez les ouvertures au Sud et limitez au maximum les fenêtres côté Nord.

– En rénovation (ou en construction), creusez la piste de l’isolation par l’extérieur. Elle peut s’avérer plus simple et performante que par l’intérieur. Son point fort : elle évite les ponts thermiques au niveau des planchers.

– La ventilation mécanique contrôlée (VMC) est indispensable puisqu’elle permet de renouveler l’air de la maison. Choisir une VMC double flux permet d’économiser jusqu’à 20 % de ses dépenses de chauffage ! Le principe : l’air (chaud) qui sort de la maison sert à réchauffer l’air (froid) qui y entre. Inconvénients : un prix d’achat élevé (autour de 1 000 € environ, contre 150 € pour une simple flux). Un peu moins performants, les systèmes hygroréglables s’adaptent à l’humidité de la pièce et donc aux besoins réels. Ils nécessitent donc moins de besoins de chauffage.

– Enfin, attention aux vitres, source de déperdition de chaleur. Si le budget le permet, n’hésitez pas à vous orienter vers du double ou, mieux, du triple vitrage.

Le B.A. BA des caractéristiques techniques

– L’efficacité d’une couche isolante est déterminée par sa résistance thermique, symbolisée par le coefficient R (exprimé en m².K/W). Plus la valeur de la résistance thermique est élevée, plus le matériau est isolant.

Le coefficient lambda mesure la conductivité thermique du matériau, c’est-à-dire la facilité qu’un isolant a de conduire la chaleur (= mauvais) ou de ne pas la conduire (= bon). Il faut donc un lambda (enWatts/m/°C) le plus bas possible. Dans les faits, les isolants vendus dans le commerce évoluent dans une fourchette entre 0,035 (pour les meilleurs) et 0,050 (pour les moins bons).

– Le confort thermique d’été est lié à la densité (masse volumique exprimée en kg/m3). Ce critère n’étant pas pris en compte par la réglementation, il n’est pas toujours indiqué sur les matériaux

– L’épaisseur n’est pas le seul critère à prendre en compte (vérifier les performances). Pour donner un ordre de grandeur, c’est souvent entre 10 et 20 cm avec un produit classique. Parfois il est plus facile de poser 2 x 10 cm que 20 cm, notamment quand le produit a une certaine rigidité. Le résultat thermique sera identique dans les deux cas.

Déperditions dans un bâtiment non isolé :

Toitures 30 %

Portes et fenêtres 13 %

Murs 16 %

Sols 16 %

Renouvellement d’air 20 %

Liaisons structurelles et ponts thermiques 5 %

Source : Isover – Tout sur l’isolation

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Michel Duchène

Je m'appelle Michel Duchène et je suis passionné par le bricolage, les travaux manuels et particulièrement le gros oeuvre. J'ai décidé de mettre mon expérience au service des internautes en créant mon blog. J'y partage mes astuces et mes conseils pour réussir vos travaux. J'ai toujours été passionné par le bricolage. C'est d'ailleurs ce qui m'a poussé à faire des études d'ingénieur en bâtiment. Aujourd'hui, je suis à la tête d'une entreprise de construction et je continue à partager ma passion sur mon blog.

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