Autoconstructeur par accident

George et Sandra pensent faire le bon choix en décidant de faire construire. Mais après de nombreux litiges avec leur constructeur, ils sont contraints de se tourner vers l’autoconstruction. Nostrodomus vous raconte leur histoire.
Construction cauchemar : le nom du blog de George et Sandra est éloquent… Pourtant, le départ de l’aventure était on ne peut plus classique. Désireux d’avoir une maison, le jeune couple fait appel à des constructeurs professionnels. Une option a priori sans souci qui, dans leur cas, va se révéler calamiteuse. A tel point que leur maison, George et Sandra l’ont finalement construite eux-mêmes !
Flash back. Après avoir fait le tour des constructeurs, ils signent un contrat avec l’un d’entre eux. « Celui qui nous paraissait le plus raisonnable », raconte George. Mais les ennuis s’accumulent dès le début. Le permis de construire est refusé trois fois de suite pour non conformité. Lorsque le chantier peut enfin démarrer, en novembre 2005, le géomètre du constructeur évoque des problèmes d’implantation. « J’ai du faire venir mon propre géomètre pour que la situation se débloque. » Début décembre, le terrassement est entamé mais si peu probant que George se voit contraint de donner un coup de main. Un mois plus tard, les fondations sont coulées, mais là encore, le travail est mal fait : « J’ai découvert qu’à certains endroits, il n’y avait que 20 cm d’épaisseur de ciment, qu’il manquait de la ferraille ou encore qu’elle n’était pas ligaturée ». Le pompon : elles ne sont pas planes et affichent un dénivellé de +/- 5 cm !
Face aux malfaçons évidentes, le constructeur propose à George des solutions pour que la maison tienne… « au moins dix ans » ! Finalement, George et Sandra décident de résilier le contrat et de le poursuivre en justice.
Leur solution : l’autoconstruction
Au lieu de vendre le terrain, ils envisagent alors une autre solution : l’autoconstruction. « Après avoir fait faire plusieurs devis auprès de nombreux artisans, et la banque bloquant notre argent en attendant le jugement, nous n’avons pas vraiment eu le choix », explique George. « D’ailleurs, mes deux grand-pères et mon père ont également construit leur maison eux-mêmes ». Un véritable destin familial en quelque sorte ! Durant huit mois, il étudie les matériaux, les isolants, la structure et redessine des plans pour un nouveau permis de construire. « Trois semaines après le dépôt en mairie, il était accepté », raconte le jeune homme.
En août 2006, George, fort de son autoformation (notamment par internet), se lance dans l’aventure. « J’ai d’abord détruit les anciennes fondations, et je me suis embarqué pour neuf mois de travaux. »
George et Sandra sont maintenant installés dans leur maison avec leur petite fille Angeline depuis le 1er juin 2007. « Il reste encore des finitions extérieures et intérieures à faire. Notamment les façades qui doivent être doublées d’une couche d’isolant et habillées d’un parement de pierre de Bourgogne, mais on est enfin chez nous ! »
Des cas qui ne sont pas isolés
George et Sandra sont loin d’être les seuls à avoir connu des déboires avec leur constructeur. Au point qu’une association de défense s’est créée : l’AAMOI (Association d’aide aux maîtres d’ouvrage individuels). George a d’ailleurs eu recours à ses services. « L’AAMOI m’a bien aidé pour entamer la procédure à l’encontre du constructeur ». Procédure qui se termine bien pour le couple : le procès en première instance est gagné. Ils ont obtenu l’annulation du contrat pour nullité, le remboursement de toutes les sommes perçues, des frais de destruction et des frais de justice. Avec, en prime, des dommages et intérêts.
L’ AAMOI, au secours des maîtres d’ouvrage
AAMOI : Association d’aide aux maîtres d’ouvrage individuel. Cette organisation vient en aide aux particuliers qui rencontrent des difficultés avec leur constructeur. Elle a vu le jour en 2001 et compte près d’un millier de dossiers enregistrés. « Au départ, petite association, nous avons beaucoup grandi grâce au bouche à oreille et au site internet. Aujourd’hui nous avons un réel impact sur les constructeurs », explique Daniel Vennetier, secrétaire général de l’AAMOI. Auparavant uniquement centrée sur l’action curative, elle se préoccupe désormais de la prévention. Elle tente d’inciter les adhérents à s’inscrire avant de signer leur contrat de construction. « La plupart du temps, les problèmes viennent du contrat lui-même, c’est donc à l’étape de sa rédaction qu’il faut pouvoir agir. Lorsque les constructeurs voient que le client est membre de l’association, ils font davantage attention. »
Plus audacieux, l’AAMOI n’hésite pas à publier sur son site internet une blacklist des constructeurs ! Inutile de préciser que l’initiative n’a pas fait plaisir à tout le monde… Et pourtant, l’association explique être parvenue à instaurer un dialogue avec quelques-uns. « Certains ont essayé de faire fermer notre top constructeur avec cinq procédures judiciaires, sans résultat. Maintenant ils font avec. » L’autre problème, selon l’association, est la gestion de la sous traitance sur les chantiers. « Il faudrait pousser la profession vers le haut. Mais, en attendant, notre priorité c’est de faire modifier le contrat type qui comporte trop d’imprécisions ».
Dans tous les cas, l’association propose son aide aux maîtres d’ouvrage individuels pour des actions en justice, des conseils et des arrangements à l’amiable quand cela est possible. « Nous ne perdons quasiment pas de procès. Il y a beaucoup de contrats déclarés nuls mais il faut prendre en compte le temps et l’argent dépensés pour la procédure judiciaire. Mieux vaut régler les choses sans passer par le tribunal. »
Les conseils de George aux futurs autoconstructeurs
– Ne foncez pas. Une bonne préparation de plusieurs mois vous amènera jusqu’au bout.
– Ne comptez pas sur l’aide d’autrui. Si des gens peuvent vous aider, ce sera bien sûr un plus, mais ils ne seront pas là tous les jours. En outre, n’oubliez pas que vous êtes pénalement et civilement responsable en cas d’accident d’un tiers sur votre chantier.